Appel pour la libération de tous les défenseur-e-s des droits humains

avril 22, 2020

Représentants Permanents du Royaume de Bahreïn auprès des Offices des Nations Unies à New York et Genève,

Représentants Permanents de la République populaire de Chine
auprès des Offices des Nations Unies à New York et Genève,

Représentants Permanents des Emirats arabes unis
auprès des Offices des Nations Unies à New York et Genève,

Représentants Permanents de la République Islamique de l’Iran
auprès des Offices des Nations Unies à New York et Genève,

Genève, le 21 avril 2020

 

 

Excellences, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

Alors que la pandémie de COVID-19 continue sa progression, nous, soussignés, finalistes et lauréats du Prix Martin Ennals pour les défenseur-e-s des droits humains, demandons la libération de tous les défenseur-e-s actuellement en détention à travers le monde et, de fait, confrontés à un haut risque sanitaire. Nous joignons nos voix aux nombreux appels lancés par les leaders internationaux, les centaines d’organisations issues de la société civile, et les milliers de citoyens mobilisés, de faire preuve de clémence envers les prisonniers dont la vulnérabilité est accrue dans cette crise sanitaire sans précédent. Parmi eux, figurent nos compagnons de lutte et membres du réseau des finalistes et lauréats du Prix Martin Ennals, détenus pour avoir défendu les droits humains dans quatre pays :

 

 

Le Prix Martin Ennals est né en 1992 d’un partenariat entre dix des plus importantes ONG promouvant la défense des droits humains, avec pour objectif d’offrir une reconnaissance à des activistes exceptionnels et en danger. Depuis

lors, notre réseau s’est agrandi jusqu’à inclure plus de 60 défenseur-e-s dans une vingtaine de pays. Nous mettons tous un point d’honneur à mobiliser nos voix, nos organisations et nos réseaux afin d’assurer que les violations des droits humains soient révélées au grand jour.

Aujourd’hui, nous sommes profondément préoccupés par la détention prolongée de nombreux défenseur-e-s à travers le monde, et ce malgré le haut risque qu’ils encourent de contracter le COVID-19. Bon nombre d’autorités sanitaires et d’organisations des droits humains ont dénoncé les risques posés par le nouveau coronavirus dans les centres de détentions.[i] La vulnérabilité des détenus face à la maladie est en effet augmentée du fait de l’impossibilité d’appliquer les mesures de distanciation sociale, du manque d’accès aux soins médicaux, et de l’hygiène insuffisante qui caractérise la plupart des centres carcéraux. Les gouvernements ayant le devoir d’assurer la santé et la sécurité des populations détenues, ceux-ci doivent réagir face à la menace de mort que pose la maladie pour de nombreux prisonniers.

En mars 2020, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Michelle Bachelet, a imploré les gouvernements de « libérer toutes les personnes détenues sans motifs légaux suffisants, dont les prisonniers politiques et ceux incarcérés pour avoir seulement exprimé des points de vue critiques ou divergents. » Bien que Madame Bachelet n’ait pas formulé de recommandation plus spécifique, nous adressons directement notre demande à la République populaire de Chine, aux Emirats arabes unis, au Royaume de Bahreïn et à la République Islamique d’Iran, où des finalistes et lauréats du réseau Martin Ennals sont actuellement détenus.

Malgré la tragédie humaine et les dégâts économiques engendrés par cette crise, nous pensons que celle-ci est aussi l’occasion d’œuvrer à un monde meilleur. Le temps est venu de mettre fin à la détention injuste de ces individus. En libérant nos frères et sœurs – Ilham, Ahmed, Nabeel, Abdullah et Nasrin – les dirigeants de vos nations feraient ainsi preuve de compassion et de responsabilité dans cette période critique.

Nous appelons donc vos gouvernements à libérer immédiatement les membres du réseau Martin Ennals mentionnés ici, ainsi que les autres défenseur-e-s des droits fondamentaux toujours en détention, afin que leur intégrité physique soit préservée, et qu’ils-elles puissent recevoir le soutien médical et psychologique auquel ils ont droit.

 

Signés :

Huda al-Sarari
Yémen, Lauréate 2020

 

Norma Librada Ledezma
Mexique, Finaliste 2020

 

Sizani Ngubane
Afrique du Sud, Finaliste 2020

 

Abdul Aziz Mohamat
Soudan, Lauréat 2019

 

Eren Keskin
Turquie, Finaliste 2019

 

Marino Córdoba
Colombie, Finaliste 2019

 

Mohamed Zaree
Egypte, Lauréat 2017

 

Karla Avelar
El Salvador, Finaliste 2017

 

Asmaou Diallo
Guinée, Finaliste 2015

 

Adilur Rahman Khan
Bangladesh, Finaliste 2014

 

Mona Seif
Egypte, Finaliste 2013

 

Bahrain Center for Human Rights
Bahreïn, Finaliste 2012

 

Arnold Tsunga
Zimbabwe, Lauréat 2006

 

Clement Nwankwo
Nigéria, Lauréat 1996

 

 

Copies envoyées aux : membres du Jury Martin Ennals

[i] Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a ainsi tiré la sonnette d’alarme au sujet des risques élevés que pose le COVID-19 pour les prisonniers : https://www.icrc.org/en/document/protecting-prison-populations-infectious-disease?utm_source=twitter ; Plus généralement et au sujet des droits humains et des détenus, des défenseur-e-s des droits humains, et des droits humains à l’heure du COVID-19, veuillez vous référer aux ressources suivantes : OMCT : https://www.omct.org/files/2020/04/25784/omct_covid19_prisonsresponse_en.pdf, SIDH :  https://www.ishr.ch/sites/default/files/documents/protecting_human_rights_in_times_of_covid-19_0.pdf, FIDH : https://www.fidh.org/en/region/Africa/covid-19-states-bear-direct-responsibility-for-the-health-of, Human Rights Watch : https://www.hrw.org/news/2020/03/19/human-rights-dimensions-covid-19-response, Amnestie Internationale : https://reliefweb.int/report/world/human-rights-defenders-we-need-them-more-ever-states-worldwide-must-protect-human, Civil Rights Defenders : https://humanrightsdefenders.blog/2020/04/10/policy-response-from-human-rights-ngos-to-covid-19-civil-rights-defenders/

 

Lire la lettre en espagnol : Carta MEA prisioneros v.e