Eren Keskin

2019 Finalist

Eren Keskin 2019 Finalist

Personal Details

Biographie

Eren Keskin est avocate et militante des droits humains. Depuis plus de trente ans, elle lutte pour les libertés et les droits fondamentaux en Turquie, en particulier pour ceux des Kurdes, des femmes et de la communauté LGBTI+. Elle est née en 1959 à Bursa, en Turquie, dans une famille kurde. Diplômée de la Faculté de droit de l’Université d’Istanbul, elle travaille comme avocate depuis 1984.

Eren Keskin a joué un rôle important dans la création et le renforcement des structures de la société civile en Turquie. Au début de sa carrière, elle s’est impliquée dans l’Association des droits humains (IHDİnsan Hakları Derneği), la première organisation non gouvernementale créée après le coup d’État militaire de 1980 qui joue aujourd’hui encore un rôle important dans la défense des droits humains. Après avoir été présidente de la section d’Istanbul pendant des années, elle est désormais co-présidente de l’Association.

Eren Keskin est également membre fondatrice de la Fondation turque des droits humains (HRFT), la principale organisation de soutien aux victimes de torture. Elle a aussi créé l’Association turque des droits humains (THIV), en 1990, et la Fondation pour la société et les études juridiques (TOHAV), en 1994, qui mène des enquêtes sur les violations des droits humains dans le pays.

En 1995, elle est condamnée pour avoir utilisé le mot « Kurdistan » dans un article de presse et passe six mois en prison. Elle découvre alors que de nombreuses femmes subissent des fouilles à nu, des agressions sexuelles et des viols en détention ou lors de leur arrestation. En 1997, avec l’activiste allemande Jutta Hermans, elle établit l’Aide juridique pour les femmes violées ou victimes d’abus sexuels par les forces de sécurité nationales, qui vise à dénoncer les abus commis à l’encontre des femmes. Elle travaille actuellement comme juriste au sein du Bureau d’assistance juridique contre les abus sexuels et le viol en détention, organisation qu’elle a aussi fondée.

Son combat pour le respect des droits humains et ses dénonciations publiques des cas de violences sexuelles valent à Eren Keskin d’être régulièrement menacée, voir agressée physiquement comme cela a été le cas à deux reprises, en 1994 et en 2001. Elle a même été menacée de viol. En 2003, le Barreau d’Istanbul lui retire son autorisation d’exercer pendant un an, pour avoir son utilisation du mot « Kurdistan » dans ses écrits.

Dans un contexte de détérioration de la situation des droits humains en Turquie, en particulier depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016, Eren Keskin continue de faire l’objet de tentatives d’intimidation. Dans le cadre d’une campagne de solidarité organisée pour soutenir le journal pro kurde Özgür Gündem, elle a assumé la fonction de co-rédactrice en chef du quotidien de 2013 à 2016, jusqu’à ce qu’il soit fermé par les autorités. Elle a récemment été condamnée à 12 ans et demi de prison pour avoir notamment publié des articles jugés « dévalorisant » pour la nation turque et « insultant » pour son président. Elle est actuellement en liberté, en attente de son jugement en appel.

En dépit des menaces répétées et des attaques dont elle fait l’objet, Eren Keskin a choisi de rester en Turquie et de continuer à y défendre l’égalité des droits et des libertés pour tous. Elle continue à se battre pour la liberté d’expression et de pensée et s’active notamment en faveur des personnes les plus vulnérables de la société, à commencer par les femmes et les membres de la communauté LGBTI+. Elle traite également des affaires de disparitions forcées, de meurtres non résolus, de décès en détention et liées au génocide arménien.

Eren Keskin ne pourra pas assister à la cérémonie de remise du Prix Martin Ennals 2019, à Genève, le 13 février 2019, les autorités turques lui ayant interdit de quitter le territoire.

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