Clement Nwankwo

1996 Laureate

Clement Nwankwo Clement Nwankwo 1996 Laureate

Personal Details

Biographie

Clément Nwankwo est un des pionniers de la défense des droits de l’homme au Nigeria: il a fondé le Projet pour les droits constitutionnels (Constitutional Rights Project – CRP), la première grande organisation de défense des droits de l’homme de son pays. Pendant plus de vingt ans, il a oeuvré pour la promotion et la protection des droits fondamentaux et de l’état de droit au Nigeria.

Dans les années 1990, le CRP joue un rôle central dans la dénonciation des violations des droits de l’homme commises par la dictature militaire de Sani Abacha. Alors que les militants des droits de l’homme et les groupes de la société civile font davantage pression sur le régime, Abacha réagit en interdisant toute activité politique de l’opposition et en muselant les médias. Pour contrer ces mesures répressives, Nwankwo organise une campagne pour que les dirigeants nigérians respectent les principes du droit international des droits de l’homme. Dans le cadre de cette action, le CRP et d’autres ONG créent« Connais tes droits! », une émission de radio diffusée dans le but de promouvoir l’état de droit.

En 1995, la corruption au Nigeria atteint son apogée, les violations des droits de l’homme sont monnaie courante et la presse est muselée. Les défenseurs des droits de l’homme sont arrêtés et détenus arbitrairement, de même que les directeurs de syndicats et les militants pour la démocratie sont détenus au secret et torturés.

Clement Nwankwo

Dans un rapport publié en 1996, Amnesty International publie des statistiques sur la peine de mort au Nigéria: « Au moins 95 exécutions et 46 condamnations à mort ont été rapportées en 1995. ».

Moins d’une année après, en 1996, Nwankwo reçoit le Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’homme en reconnaissance de son « courage, sa force et sa créativité ». Dans son discours d’acceptation lors de la cérémonie de remise de prix qui se déroule à Londres, il déclare: « Nous allons continuer à lutter pour instaurer un gouvernement responsable, qui ne soit pas au-dessus des lois et qui tire véritablement sa légitimité du peuple nigérian.»

En avril 1997, Clément Nwankwo se rend à Genève pour assister à une session de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies. Le 5 avril, il se fait arrêté dans la rue par des policiers qui le rouent de coups et l’emmènent dans un poste de police. Dans un rapport publié en février 1998, le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats relate précisément les faits: Nwankwo a été détenu au secret pendant cinq jours dans un poste de police et une prison locaux où il a été victime de mauvais traitements. Après soixante-douze heures, il a été présenté devant le juge d’instruction et inculpé pour « vol à l’étalage » à l’issue d’un procès expéditif qui s’est vraisemblablement tenu à huis clos. Nwankwo n’a en aucun cas bénéficié de l’assistance d’un avocat.

Alors qu’il a fait appel à cette condamnation, le conseiller d’Etat au département de la police et de la justice de Genève a ouvert une enquête administrative sur le traitement qui lui a été réservé en garde à vue. Selon Amnesty International, le défenseur des droits de l’homme nigérian n’aurait pas été interrogé dans le cadre de cette enquête, ni officiellement informé des sanctions prises à l’encontre des agents de police. C’est dans les médias qu’il a fini par apprendre que les agents avaient fait l’objet de sanctions disciplinaires, mesures auxquelles ils ont fait appel.

Les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la torture et sur l’indépendance des juges et des avocats ont été saisis de « l’affaire Clément Nwanko » et ont recommandé aux autorités suisses de lui offrir des « dommages adéquats » pour le préjudice subi. En octobre 1998, Nwankwo a déposé un recours contre la Suisse auprès de la Commission européenne des droits de l’homme.

De retour au Nigeria, Nwanko crée le Groupe de suivi pour la transition (Transition Monitoring Group – TMG), une coalition de plus de cinquante associations et d’organisations de la société civile promouvant le passage d’un régime militaire à un régime civil. Au même moment, le général Abdulsalam Abubakar met en place la Commission électorale nationale indépendante tout en promettant des élections libres et justes.

Le 5 mai 1999, le Nigeria adopte une nouvelle constitution. Le texte entre en vigueur le 29 mai 1999, date à laquelle le général Abubakar cède le pouvoir au nouveau président élu Olusengen Obasanjo.

En 2006, le Nigeria fait face à une crise constitutionnelle: les députés menacent d’amender la constitution pour permettre à Obasanjo de briguer un troisième mandat. Nwankwo est alors le premier à dénoncer cette manoeuvre qu’il qualifie de « péril pour la démocratie ». Dans une interview à la radio nationale publique, il déclare: «La continuité de la démocratie est essentielle pour le Nigeria… la continuité d’un pouvoir basé sur la constitution et non sur des intérêts individuels.»

Nwankwo et son organisation Policy and Legal Advocacy Center (PLAC) se sont fermement opposés à l’adoption de la proposition d’un « troisième mandat ». Le projet d’amendement ne sera finalement pas adopté par l’assemblée nationale et Obasanjo démissionnera de ses fonctions après les élections de 2007.

Aujourd’hui, Nwankwo dirige le PLAC, une organisation basée à Abuja. Le PLAC est spécialisé dans l’observation des processus électoraux, oeuvrant pour la promotion d’élections libres et justes.

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