Yu Wensheng, lauréat du Prix Martin Ennals 2021 pour les défenseur-euse-s des droits humains
La Fondation Martin Ennals a décerné le Prix Martin Ennals 2021 à Yu Wensheng, un éminent avocat et militant des droits humains chinois. M. Wensheng faisait partie des trois finalistes du Prix sélectionné-e-s par un Jury composé de représentant-e-s de dix des plus grandes organisations de défense des droits humains, aux côtés de Loujain AlHathloul (Arabie saoudite) et Soltan Achilova (Turkménistan).
Les finalistes du Prix Martin Ennals 2021 mettent en lumière les abus des régimes autoritaires
Cette année, trois éminent-e-s défenseur-euse-s des droits humains qui mènent leur combat pour les libertés dans des États autoritaires ont été nominé-e-s pour le Prix Martin Ennals 2021. Le lauréat Yu Wensheng (Chine) et les co- finalistes Loujain AlHathloul (Arabie saoudite) et Soltan Achilova (Turkménistan) se distinguent par leur courage et leur engagement infaillibles pour les droits humains, malgré les nombreuses tentatives de leurs gouvernements autoritaires respectifs de les réduire au silence.
« La Fondation Martin Ennals est fière de rendre hommage à trois finalistes uni-e-s dans leur lutte pour la justice et privé-e-s de leur droit à la liberté d’expression. À la veille du Nouvel An chinois, nous espérons que cette reconnaissance du travail de Yu Wensheng mettra en lumière les accomplissements de son combat et l’aidera à recouvrer sa liberté », déclare Philippe Currat, président du Conseil d’administration de la Fondation Martin Ennals.
Alors que l’étau du confinement se resserre partout dans le monde, la Fondation Martin Ennals est déterminée à transcender la pandémie en rendant hommage aux finalistes avec une cérémonie inoubliable retransmise en ligne depuis Genève vers les quatre coins du globe.
« Alors que la pandémie de COVID-19 n’épargne aucun-e d’entre nous à travers le monde, les défenseur-euse-s des droits humains paient un tribut particulièrement lourd. Dans les régions où les droits fondamentaux étaient bafoués bien avant la pandémie, cette crise a servi de prétexte pour réduire encore davantage l’espace civique. Aujourd’hui, plus que jamais, la Ville de Genève se tient aux côtés de ces personnalités courageuses et les remercie pour leur contribution à notre humanité commune », explique Alfonso Gomez, Conseiller administratif en charge de la solidarité internationale à Genève.
Un avocat qui demande à son gouvernement de rendre des comptes
Yu Wensheng, 54 ans, est un avocat des droits humains chinois qui s’est attiré les foudres des autorités gouvernementales pour avoir défendu d’autres avocats détenus dans le cadre de la vague de répression « 709 » et appelé à une réforme constitutionnelle. M. Wensheng est détenu depuis 2018 ; il a été harcelé, radié du barreau et condamné à l’issue d’un procès à huis clos pour incitation à la subversion du pouvoir de l’État. Selon des témoignages, Yu Wensheng a aussi été torturé en détention et s’est vu refuser l’accès à des soins médicaux. En décembre 2020, un tribunal régional de la province de Jiangsu a rejeté l’appel formé contre sa peine de quatre ans de prison. Il a été transféré à la prison de Nanjing où il est actuellement détenu, à 1 045 km de sa famille qui a pu récemment lui parler brièvement par vidéoconférence.
Son épouse Xu Yan a salué la nomination de son mari au Prix Martin Ennals. « C’est un honneur pour mon mari, mais aussi un encouragement pour tou-te-s les défenseur-se-s chinois-e-s des droits humains à poursuivre leur travail malgré les épreuves », a-t-elle déclaré. Xu Yan continue à se battre sans relâche pour la liberté de son mari alors que sa santé se détériore derrière les barreaux. Elle ajoute : « Mon mari a toujours aidé les autres et défendu l’État de droit. Il n’a jamais été coupable et devrait être acquitté immédiatement ».
« En 2020, les autorités chinoises ont harcelé les défenseur-euse-s des droits humains qui ont lancé l’alerte sur la COVID-19, ont défendu les minorités ethniques et ont lutté contre la corruption. Yu Wensheng et sa femme Xu Yan qui demandent courageusement le respect des droits humains fondamentaux et l’instauration d’un État de droit méritent tout notre soutien », affirme Andrew Anderson, Directeur exécutif de Front Line Defenders, et membre du Jury.
Les finalistes Loujain Alhathloul et Soltan Achilova
Cette année, les finalistes du Prix Martin Ennals sont Loujain AlHathloul (Arabie saoudite) et Soltan Achilova (Turkménistan).
Loujain AlHathloul est une éminente militante pour les droits des femmes qui a défendu avec grande ferveur le mouvement « Women to drive » et milité pour l’abolition du système de tutelle masculine. Elle a été emprisonnée en 2018 suite à des accusations liées à la sécurité nationale. Torturée, privée de soins médicaux et détenue en cellule d’isolement, Loujain, 31 ans, a été condamnée à cinq ans et huit mois de prison le 28 décembre 2020. Elle est sortie de prison jeudi 10 février, mais cette remise en liberté reste conditionnelle et n’est pas synonyme de véritable liberté pour sa famille: « Une interdiction de voyager de cinq ans, trois ans de probation, et une étiquette de terroriste pour toute la vie : ce n’est pas ça, la liberté ! Loujain et toutes les autres défenseuses des droits humains en Arabie saoudite devraient être libérées sans condition. », commente sa sœur Lina AlHathloul.
Soltan Achilova est une journaliste indépendante qui documente les violations des droits humains au Turkménistan. Malgré les menaces, la surveillance et le harcèlement, elle dénonce ces abus et réalise des reportages sur la flambée des cas de COVID-19, l’insécurité et les expulsions forcées. Soltan a souvent pensé à abandonner son combat en raison de son âge (71 ans) et de ses problèmes de santé, mais, « il faut bien que quelqu’un dise au monde entier ce qui se passe vraiment au Turkménistan », explique-t-elle.
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Chloé Bitton
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