Nataša Kandić

1999 Laureate

Nataša Kandić Nataša Kandić 1999 Laureate

Personal Details

Biographie

Son enquête sur le génocide de Srebrenica de juillet 1995 au cours duquel 8 000 hommes et adolescents bosniaques ont été tués par l’armée de la République serbe de Bosnie, saluée par la communauté internationale, est exemplaire de son acharnement à vouloir dévoiler la vérité sur les atrocités commises en période de guerre. En septembre 2005, elle s’est vue décerner le titre de citoyenne d’honneur de la ville de Sarajevo, geste exceptionnel de la part d’une ville bosniaque envers une Serbe.

En 2005, elle a découvert une cassette vidéo datant de 1995 sur laquelle on voit l’exécution de six prisonniers musulmans bosniaques par des agents d’une unité paramilitaire serbe près de Srebrenica. La vidéo a été utilisée comme preuve par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie de La Haye au cours du procès de Slobodan Milosevic: les images ont pu aider à déterminer le rôle de la Serbie dans ce qui est maintenant commémoré comme le pire massacre perpétré en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

Natasa Kandic

Nataša Kandić est actuellement directrice du Centre de droit humanitaire, une organisation qu’elle a fondée à Belgrade en 1992. Cette travailleuse sociale devenue avocate, a commencé son parcours de dissidente sous Josip Broz Tito, ancien président yougoslave. Après sa mort en 1980, les violations des droits de l’homme se sont multipliées à travers toute la Yougoslavie en raison des tensions grandissantes entre les différents groupes ethniques de la région, tensions qui ont finalement conduit à l’éclatement de la Yougoslavie.

Dès le début de la guerre, au début des années 1990, Kandić a commencé à documenter méticuleusement des cas de tortures, de viols et d’exécutions. Tout au long de cette décennie, elle s’est consacrée à la recherche de la vérité sur les atrocités commises et s’est battue pour que les responsables des crimes de guerre soient traduits en justice.

Selon Kandić, les forces militaires serbes ont été responsables de près de 250 000 morts de civils dans le cadre du nettoyage ethnique dont ont été victimes les minorités kosovares, croates et bosniaques.

En 1991, elle a lancé la campagne « Une bougie pour la paix »: accompagnée d’un cercle rapproché de collègues, elle organisait régulièrement des veillées aux bougies devant les bureaux de Slobodan Milosevic, en lisant les noms des victimes de la guerre.

Dans le cadre de ses activités de défense des victimes de crimes de guerre au sein du Centre de droit humanitaire, Kandić a passé les dix années d’après à se déplacer entre Belgrade et toutes les provinces ravagées par la guerre pour documenter les violations des droits de l’homme.

A la fin des années 1990, pendant la guerre du Kosovo, Kandić s’est régulièrement rendue au Kosovo qui était alors une province serbe du sud pour rassembler des informations sur les violations des droits de l’homme commises par les forces serbes contre la minorité ethnique albanaise. Les forces armées serbes se sont rendues coupables d’attaques ciblées dirigées contre des familles de la région et ont pillé de nombreux petits villages à travers le Kosovo. Quatorze massacres auraient causé la mort de centaines de personnes.

« Pour établir un certain système de valeurs où l’état de droit est fondamental,  la loi doit être appliquée à ceux qui l’enfreignent. La vérité doit être dévoilée. »

Quelques années plus tard, en 2003, Kandić a joué un rôle central pour convaincre un petit groupe de survivants albanais d’aller à Belgrade pour témoigner contre un ex-membre d’un groupe paramilitaire, accusé d’être responsable de la mort de plusieurs de leurs proches dans une petite ville au nord du Kosovo.

Bosnian Muslim women cry and pray among 520 caskets stocked in an abandoned factory hangar, in preparation for a mass burial ceremony at the Srebrenica Memorial Cemetery, in Potocari on July 10, 2012 (AFP Photo)

Son travail, en particulier ses missions d’établissement des faits sur les atrocités commises en temps de guerre, lui valut de s’attirer à la fois la haine de l’élite dirigeante serbe et des groupes nationalistes (tels qu’en attestent les menaces et les graffitis sur les murs de son bureau) mais aussi les éloges de la communauté internationale. Surnommée “the annoying itch nationalists can’t quite reach” (« démangeaison agaçante que les nationalistes n’arrivent pas à gratter»)
à cause de son franc-parler, elle continue néanmoins son travail de recherche de la vérité même si certains voudraient la faire taire.

Nataša Kandić a reçu le Prix Martin Ennals en septembre 1999 lors d’une cérémonie à Vienne ; elle est un des lauréats le plus décoré, elle a en effet reçu plus de 20 prix, du Human Rights Watch Award au Time Magazine’s European Heroes Award.

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