Co-fondatrice et présidente de l’organisation Promotion et appui aux initiatives féminines (PAIF) créée en 1993, Immaculée Birhaheka est aujourd’hui une militante pour les droits des femmes incontournables en République démocratique du Congo (RDC).
La PAIF, dès les débuts de sa création, s’est fixée comme priorité de défendre les droits des femmes dans la sphère publique afin de leur garantir leur autonomie. Tandis que l’association a entrepris un travail d’éducation des femmes des communautés locales sur leurs droits civils et politiques, Immaculée a commencé à sensibiliser les autorités de la RDC sur les droits fondamentaux et le droit international.
Après le génocide au Rwanda de 1994 commis dans le cadre d’un violent conflit qui a fait un million de victimes et qui a conduit au déplacement forcé d’un millier de civils, Immaculée a commencé à se consacrer à la réhabilitation des victimes de viol et à dénoncer publiquement le viol comme « arme de guerre ».
Son franc-parler lui a valu de s’attirer les foudres des autorités et des groupes au sein de la RDC mais aussi les éloges de la communauté internationale. Elle a continué à dénoncer ouvertement les violations des droits des femmes en RDC et a été, pour cette raison, plusieurs fois victime de menaces de mort provenant des autorités de la RDC et des milices congolaises.
Elle a été arrêtée la première fois le 8 mai 1998 chez elle à Goma pour avoir gardé contact avec des employés d’une agence de développement américaine travaillant sur la province est de la RDC.
Le 16 janvier 2000, Immaculée a de nouveau été arrêtée et placée dans un centre de détention militaire où elle a été battue et humiliée. A sa libération, elle a décidé de prendre la route pour Genève. Elle a commencé son trajet à bord d’un bus traversant l’Ouganda, trajet au cours duquel elle et d’autres passagers ont été dépouillés.
Le 13 avril 2000, Immaculée a reçu le Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’homme, récompense que lui a remise Mary Robinson, Haute Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU au cours d’une cérémonie organisée dans le cadre du festival Médias Nord-Sud à Genève. Un an plus tard, la Haute Commissaire s’est rendue dans la région de Goma pour rendre à nouveau visite à Immaculée. Elle a dit à l’armée qu’Immaculée devrait être « respectée plutôt que harcelée ».
u cours de la cérémonie de remise du prix Martin Ennals et de l’émission Zig Zag Café, Immaculée a déclaré: « Il est grand temps qu’à travers le monde les défenseurs des droits de l’homme, parce qu’ils effectuent un travail courageux, bénéficient d’une protection adaptée ». Cet appel s’inscrivait dans le cadre d’une campagne menée par la société civile visant à demander à la Commission des droits de l’homme de l’ONU la création d’un mandat pour un Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme. Ce mandat a finalement été établi quelques mois plus tard.
En juin 2006, Immaculée a reçu le Prix de la fondation nationale de promotion de la démocratie, une récompense pour son dévouement à la protection et à la promotion des droits des femmes et pour ses efforts visant à mettre un terme à la pratique massive du viol des femmes et des jeunes filles de l’est du Congo.
« Nous continuerons notre lutte, au nom de l’humanité, jusqu’à ce que soit versée la dernière goutte de sang »
La PAIF continue de se renforcer aujourd’hui grâce au soutien de plusieurs organisations internationales des droits de l’homme. Son centre à Goma est spécialisé dans la prise en charge des victimes de viol: ces dernières bénéficient d’un traitement médical et psychologique ainsi que d’une aide à la recherche d’un logement.
L’association a lancé récemment plusieurs initiatives visant à rendre les femmes autonomes à travers la création de petites entreprises. Elle leur fournit dans ce cadre une assistance en termes de ressources et de marketing.
Immaculée reçoit le prix Bremen Solidarity le 16 mars, une récompense de 5 000 euros décernée par le sénat de Brême (Allemagne) pour l’impact positif et indéniable de son association sur la situation des femmes en RDC.
La renommée internationale d’Immaculée a servi à renforcer ses activités sur le terrain en RDC et à défendre les femmes victimes de viols. Son travail a été une source d’inspiration pour toutes les femmes congolaises qui cherchent à gagner leur autonomie et leur indépendance par des moyens pacifiques.