Pierre Claver Mbonimpa est un militant des droits de l’homme burundais reconnu pour avoir défendu les droits des prisonniers et pour son combat contre la torture. En décembre 1994, alors officier de police au Burundi, Mbonimpa a été arrêté et condamné à deux ans d’emprisonnement sur la base de fausses accusations.
Les deux années de tortures qu’on lui a infligées en détention l’ont profondément affecté. Aussi, à sa sortie de prison, il a décidé de créer l’Association burundie pour la protection des droits de l’homme et des personnes détenues (APRODH).
L’APRODH réunit des informations et dénonce les violations des droits de l’homme comme la torture, les violences sexuelles, et la violence contre les femmes.
Pendant des années, l’APRODH a fait campagne pour les prisonniers en attente de leur procès dans les geôles surpeuplées du Burundi. Selon Mbonimpa, le taux de surpopulation carcérale s’élève à 300 % au Burundi, chiffre qu’il qualifie de « déplorable ».
L’APRODH a des liens très forts avec les communautés locales et apporte une assistance juridique et sociale aux victimes des violations des droits de l’homme.
Mbonimpa et son organisation se sont surtout attachés à dénoncer la pratique de la torture. Pendant des années, l’APRODH a systématiquement porté plainte au nom des victimes contre leurs tortionnaires. Entre 1994, année où l’organisation a commencé son travail, et 2010, la pratique de la torture au Burundi a diminué de 90%.
Plusieurs officiers haut-gradés de la police et de l’armée coupables d’actes de tortures sont actuellement en prison.
Mbonimpa déclare: « C’est la première fois dans l’histoire du Burundi qu’un colonel a été emprisonné pour les actes de tortures qu’il a commis. »
Il s’est rendu dans certaines prisons burundaises afin de recueillir des informations sur des cas de torture directement auprès des gardiens de prison. Son organisation est aujourd’hui tellement respectée que toutes les prisons burundaises lui sont ouvertes.
Malgré les menaces de mort qu’il a reçues pendant des années, Mbonimpa continue de critiquer le gouvernement et de dénoncer des fonctionnaires publics impliqués dans des violations des droits de l’homme. Mbonimpa a reçu le Prix Martin Ennals en 2007.
“Si un malheur dont vous ne voulez pas s’abat sur vous, ne le faites pas subir aux autres.”
Quelques temps après, on lui a demandé de parler au nom de toutes les ONG des droits de l’homme devant le Conseil des droits de l’homme afin de convaincre l’ONU de s’engager à suivre de près la situation au Burundi.
Mbonimpa croit fermement que c’est l’élite politique qui a, depuis l’indépendance du Burundi en 1962, manipulé une population sans éducation et illettrée pour qu’elle croit aux antagonismes entre les communautés Hutu, Tutsi et Twa. »Le problème qui empoisonne le pays », déclare Mbonimpa lors d’un discours prononcé à l’occasion du Forum de la liberté d’Oslo en 2010, « ce n’est pas l’ethnicité mais la politique. »