Lidia Yusupova

2004 Laureate

Lidia Yusupova 2004 Laureate

Personal Details

Biographie

Coordinatrice de Memorial, organisation des droits de l’homme basée à Moscou et ancienne directrice du bureau de Grozny, Lidia Yusupova est une militante des droits de l’homme internationalement reconnue pour avoir défendu les victimes des guerres de Tchétchénie et les réfugiés.

Le 7 avril 2004, lors d’une cérémonie à Genève, Lida a reçu le Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’homme pour ses « efforts inlassables en situation de guerre et d’extrême danger ». La cérémonie a été diffusée en direct au cours d’une émission spéciale de ZigZagCafé.

Lida Yusupova est née à Grozny le 15 septembre 1961 d’une mère russe et d’un père tchétchène et a étudié la littérature à l’Institut Karachevo-Cherkeski. Elle a obtenu un diplôme en droit de l’Université tchétchène de Grozny où elle a enseigné quelques années après.

Lidia Yusopova

Entre 1994 et 1996, Lida a vécu les atrocités de la première guerre de Tchétchénie: elle a perdu des membres de sa famille, de nombreux amis et collègues. Le souvenir de ces atrocités a eu une influence considérable sur sa personnalité.

C’est en 2000, au cours de la seconde guerre de Tchétchénie, qu’elle a commencé son parcours de militante des droits de l’homme. Tout au long du conflit, Yusupova a documenté sans relâche les violations graves des droits de l’homme perpétrées par les forces de sécurité russes et tchétchènes. Elle recevait alors des familles de victimes dans son bureau et effectuait des déplacements dans des zones à risque pour enquêter sur les lieux de disparitions dans le but de dénoncer les militaires. Par la suite, son bureau a été saccagé et son personnel menacé en permanence.

Si les groupes des droits de l’homme tchétchènes ont souffert d’une marginalisation croissante, Memorial a néanmoins réussi, grâce à la vaste collection de témoignages de victimes qu’elle a pu recueillir, à engager des poursuites judiciaires contre le gouvernement russe et les autorités tchétchènes sur des allégations de pratiques généralisées d’exécutions, de disparitions, de viols et de tortures en Tchétchénie.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a depuis prononcé treize arrêts contre le gouvernement russe sur des cas tchétchènes.

“Ne laisse pas la peur t’approcher, sinon elle va te paralyser.”

L’organisation de Yusupova, Memorial, est l’une des rares organisations des droits de l’homme qui travaille toujours en république tchétchène alors que la population est en proie au désespoir et que le gouvernement russe persiste à traiter la question tchétchène comme une « guerre contre la terreur ».

En 2004, le film produit par la Fondation Martin Ennals sur Yusupova a été rediffusé sur plusieurs continents par la chaîne de télévision espagnole TVE International dans le cadre d’une série consacrée aux “Femmes les plus courageuses du monde”. Cela a sans aucun doute contribué à renforcer son image de “l’une des femmes les plus courageuses d’Europe”.

En novembre 2005, elle a reçu le prix norvégien Rafto pour les droits de l’homme « en reconnaissance pour ses efforts courageux et inlassables dans le travail de documentation des violations des droits de l’homme et pour son action en tant que porte-parole des victimes oubliées de la guerre en Tchétchénie. » En 2007, elle a été nominée pour le prix Nobel de la paix.

Lidia Yusopova

Depuis 2009, elle publie des articles et tient un blog sur des questions liées aux droits de l’homme dans le nord du Caucase.

En juillet 2009, Natalya Estemirova, une collègue de Lida, consoeur journaliste et militante des droits de l’homme, a été enlevée et tuée à Grozny. Yusupova était aussi une amie proche d’Anna Politkovskaya, journaliste et militante des droits de l’homme assassinée en octobre 2006. L’affaire de son assassinat, très médiatisée dans le monde entier, n’a toujours pas été résolue.

Si elle a perdu au fil des ans des membres de sa familles, de nombreux amis et collègues, Lida Yusupova a néanmoins continué à mener son combat, inlassablement, pour le respect des droits de l’homme dans le nord du Caucase.

 

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