Akbar Ganji

2006 Laureate

Akbar Ganji Akbar Ganji 2006 Laureate

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Biographie

Une année à peine après la publication de son recueil d’articles de journaux intitulé Le donjon des fantômes en 1999, Akbar Ganji, ancien membre du Corps des gardes de la révolution islamique devenu journaliste d’investigation, est devenu l’ennemi public numéro un. Dans cet ouvrage, il accuse des personnalités politiques d’être impliquées dans l’assassinat de nombreux intellectuels, écrivains et dissidents iraniens.

La publication de cet ouvrage a sans doute précipité son arrestation. Après cinq années de prison et une grève de la faim de soixante jours qui lui a presque coûté la vie, Ganji a été libéré. Il est aujourd’hui une figure emblématique de la dissidence en Iran.

Ganji a reçu le prix Martin Ennals en 2006 et a, depuis, été récompensé par une douzaine de prix pour les droits de l’homme, la démocratie et le journalisme international.

akbar ganji

Au milieu des années 1990, dans l’Iran post-révolutionnaire, Ganji est de plus en plus désabusé par son travail au sein du ministère des renseignements et se tourne vers le journalisme. Ses enquêtes l’ont amené à se métamorphoser: ce fonctionnaire est devenu l’un des principaux critiques du pouvoir religieux en Iran.

Dans son ouvrage publié en 1999 sous le titre de Tarik khaneye Ashbah (Le donjon des fantômes), Akbar Ganji dévoile l’existence d’une « mafia secrète des services de renseignement » au coeur du pouvoir iranien et décrit précisément l’implication de personnalités religieuses, en particulier l’ancien ministre des renseignements Ali Fallahian et l’ancien président iranien Hashemi Rafsanjani dans une série de meurtres de plus de deux cents écrivains, intellectuels et dissidents iraniens.

Ses enquêtes, qui dévoilent  le côté sombre du régime religieux iranien, ont fait de lui l’un des principaux opposants intellectuels au régime et lui ont rapidement valu de s’attirer les foudres du pouvoir. Son livre, très vite devenu un best-seller international, a contribué à renforcer sa réputation de dissident iranien et aurait joué un rôle décisif dans la défaite des conservateurs aux élections parlementaires iraniennes en 2000. Cette influence incontestable sur le tour qu’ont pris les élections a fait de lui une personnalité en vue sur la scène internationale. Aussi, il a été invité par l’Institut Heinrich Böll pour participer à une conférence intitulée « l’Iran après les élections. »

De retour en Iran, Ganji a été arrêté le 22 avril 2000. Détenu illégalement dans une cellule d’isolement, il a été battu et torturé pendant quatre-vingt jours.  Il a ensuite été condamné le 13 janvier 2001 à dix ans de prison et à cinq ans d’interdiction de voyager.

Le 14 mai 2001, une cour d’appel de Téhéran a finalement réduit sa peine de prison à six mois.

Akbar GanjiGanji n’a toutefois pas été libéré alors qu’il avait déjà purgé un an de prison. Le département de la justice a contesté son appel; aussi,  la cour suprême iranienne a fini par annuler la décision de la cour d’appel.

Le 16 juillet 2001, il a été condamné à six ans de prison pour « collecte d’informations confidentielles nuisant à la sécurité nationale » et « propagande contre le système islamique. »

Loin de se terrer dans la défaite, Ganji a trouvé de l’inspiration dan son enfermement. La prison d’Evin à Téhéran est devenue sa chaire et il s’est remis à écrire. Il est parvenu à remettre clandestinement ses articles à un visiteur qui les a ensuite diffusés sur l’Internet.  En mars 2002, il a écrit son fameux Manifeste républicain qui propose en six chapitres l’esquisse d’un Iran démocratique et appelle au boycott de toutes les élections en république islamique. Trois ans plus tard, le 29 mai 2005, il a été mis en liberté conditionnelle pour traitement médical: son état de santé s’était détérioré à cause de la grève de la faim qu’il avait entamé dix jours plus tôt. Refusant toujours de s’alimenter, il a fini par être renvoyé en prison le 11 juin 2005.

Les nouvelles de la grève de la faim de Ganji ont suscité la plus vive inquiétude à travers le monde et la communauté internationale a fait davantage pression sur le régime iranien pour obtenir sa libération.

Après soixante jours de grève de la faim et vingt-deux kg en moins, Ganji  a été transporté d’urgence à l’hôpital dans un état critique.

Akbar Ganji delivers his acceptance speech at the IPI 60 World Press Freedom Heroes Ceremony in Vienna [Photo: IPI/David Reali]

Le 18 mars 2006, Ganji a bénéficié d’une libération conditionnelle pour le Nouvel An perse, libération accueillie avec satisfaction par les Iraniens. Mais Ganji a fini par quitter son pays en juin 2006.

Son sens du sacrifice, son esprit curieux, et sa croyance infaillible dans un Iran démocratique l’ont conduit à explorer les méandres du régime totalitaire iranien. Aujourd’hui exilé, Ganji continue de sensibiliser l’opinion internationale à la lutte pour la démocratie en Iran et d’affirmer que ce changement doit se réaliser par des moyens pacifiques (« On devrait mettre de côté toute perspective militariste. Les Etats-Unis devraient commencer à parler de désarmement nucléaire de la région. »)

Ganji est l’auteur de deux best-sellers intitulés Tarik khaneye Ashbah (Le donjon des fantômes) et Alijenob Sorkhpoosh va Alijenob-e Khakestari (Red Eminence and the Grey Eminences), publiés respectivement en 1999 et 2000. La Boston Review et la MIT Press ont également publié son premier ouvrage en anglais intitulé The Road for Democracy (La Route vers la démocratie).

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