Abdul Aziz Muhamat

2019 Laureate

Abdul Aziz Muhamat 2019 Laureate

Personal Details

Biographie

Abdul Aziz Muhamat est un ardent et infatigable défenseur des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile. Cela fait plus de cinq ans que ce Soudanais de 26 ans, vit reclus sur l’île de Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée, aux côtés de centaines d’autres réfugiés et demandeurs d’asile.

Abdul Aziz Muhamat appartient au groupe ethnique des Zaghawa du Darfour, dans le nord-ouest du Soudan. La guerre le contraint à l’exil en 2013. Direction l’Indonésie d’abord, puis l’Australie qu’il espère rejoindre en bateau. Son voyage s’arrête lorsque son embarcation est interceptée par les autorités australiennes et ses occupants transférés de force vers le centre pour réfugiés établi sur la base navale de Lombrum, sur l’île de Manus.

Abdul Aziz Muhamat est l’une des principales voix à s’exprimer publiquement sur la situation qui prévaut aussi bien à Manus que sur l’île de Nauru. En l’espace de deux ans, il a notamment envoyé plus de 4000 messages vocaux pour témoigner de son expérience pour le podcast The Messenger, qui a remporté de nombreux prix.

Soutenu par plusieurs avocats et organisations australiennes et internationales de défense des droits humains et des droits des réfugiés, il mène campagne pour obtenir que toutes les personnes bloquées sur les îles de Manus et Nauru puissent enfin quitter l’ile et vivre en sécurité et en liberté. Il s’investit aussi sans relâche pour l’amélioration de leurs conditions de vie et en particulier pour l’accès aux soins médicaux dont ils ont besoin.

Il a été impliqué dans divers mouvements de résistance pacifique. Il a notamment participé à une grève de la faim générale pour laquelle lui et des dizaines d’autres ont été arrêtés et détenus jusqu’à quatre semaines sans inculpation, en janvier 2015. Il a aussi refusé de coopérer avec les autorités à plusieurs reprises et a participé à des manifestations silencieuses.

Le centre a connu sa pire crise le 31 octobre 2017, lorsque les autorités australiennes ont tenté de fermer le site de la base navale et d’obliger les réfugiés et demandeurs d’asile à se déplacer dans trois autres centres situés près de la ville principale de l’île de Manus. Les hommes ont refusé de partir. Dès le début du mois d’août, ils ont organisé des manifestations pacifiques quotidiennes pour demander à être libérés et envoyés dans un pays tiers. Les hommes sont restés dans le centre sans nourriture, eau, électricité ni soins médicaux pendant 24 jours, jusqu’à ce qu’ils soient déplacés de force par les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Aziz a non seulement été un des leaders de ce mouvement de protestation, il a aussi joué un rôle de coordinateur de l’aide sociale. Il a ainsi supervisé la distribution équitable de nourriture et de médicaments apportés clandestinement, il a facilité des consultations téléphoniques avec des médecins pour ceux qui étaient malades et il a assuré la liaison avec les donateurs et les défenseurs des droits humains qui tentaient de les aider à subvenir aux besoins de première nécessité.

Abdul Aziz Muhamat a obtenu le statut de réfugié au début 2015. Il est toutefois toujours à Manus, tout comme de nombreux autres hommes dans le même cas que lui, faute d’avoir trouvé un pays d’accueil. La Nouvelle-Zélande a proposé d’ouvrir ses portes à 150 d’entre eux, mais l’Australie s’y est opposée. Abdul Aziz Muhamat est déterminé à obtenir le départ, vers un pays tiers, de tous les réfugiés et demandeurs d’asile victimes de la politique australienne d’immigration « offshore ».

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