Une femme tchadienne remporte le prix le plus prestigieux du mouvement des droits humains

janvier 16, 2002

Jacqueline Moudeina, avocate tchadienne, a été annoncée aujourd’hui comme lauréate du Prix Martin Ennals 2002 pour les défenseurs humains. L’annonce a été faite lors de l’ouverture d’une réunion importante, la Plateforme de Dublin pour les défenseurs des droits humains de Frontline à laquelle Mme Moudeina participe. Voir: www.frontlinedefenders.org .

Mme Moudeina est l’avocate des victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré. Elle a pris d’énormes risques en déposant des plaintes au Tchad contre plusieurs complices d’Habré, dont les chefs de la police politique sous Habré. Beaucoup d’entre eux occupent encore des postes de pouvoir. Elle est également l’un des avocats du procès contre Habré lui-même au Sénégal, où il vit en exil. En février 2000, l’ancien dictateur a été inculpé par un tribunal sénégalais pour torture et de crimes contre l’humanité, et il a été placé en résidence surveillée. Ces accusations ont été rejetées par la suite, mais les victimes demandent maintenant l’extradition d’Habré pour qu’il soit jugé en Belgique.

Jacqueline Moudeina est l’une des rares avocates tchadiennes. Elle travaille  pour l’ONG locale ATPDH, où elle dispense quotidiennement et bénévolement des conseils juridiques et une formation de sensibilisation aux droits humains.

Le 11 juin 2001, elle a participé à un sit-in pacifique organisé par un groupe de femmes pour protester contre les élections frauduleuses. Une brigade de sécurité, dirigée par l’un des hommes qu’elle poursuit en justice, lui a lancé une grenade. Jacqueline Moudeina a failli perdre une jambe et a dû se rendre à Paris pour se faire soigner. Néanmoins, elle a l’intention de revenir bientôt pour poursuivre son travail contre l’impunité et sa quête de justice.

(*) Jacqueline Moudeina est membre du Comité Exécutif de l’ATPDH (Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme)