S’engager pour un monde meilleur

janvier 18, 2022

Entretien avec Alfonso Gomez, conseiller administratif à la Ville de Genève © Ville de Genève

La Ville de Genève est unique en son genre. Petite par sa taille, sa réputation est pourtant vaste. Considérée comme la capitale mondiale des droits humains, elle abrite les discussions les plus sensibles de l’agenda international sur ces questions et soutient courageusement de nombreuses initiatives ayant trait aux droits humains. Parmi celles-ci, le Prix Martin Ennals qui honore depuis plus de vingt ans des défenseur-euse-s des droits humains du monde entier qui sont fortement engagé-e-s dans la promotion des droits fondamentaux, souvent au péril de leur vie. La Ville de Genève soutient depuis longtemps le Prix et le travail des trois Lauréat-e-s. Monsieur Alfonso Gomez, conseiller administratif de la Ville de Genève, s’exprime sur cet engagement au long court.

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Genève est souvent appelée la « capitale mondiale des droits humains ». Est-elle à la hauteur de sa réputation ?

Genève joue en effet un rôle prépondérant en matière de droits humains. Ville de paix, de négociation et de médiation, elle est également l’hôte des principales organisations internationales actives dans le domaine, et le siège du Conseil des droits de l’Homme comme du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme. Ce rôle est d’autant plus fort que Genève peut aussi compter sur une société civile engagée, mobilisée, organisée, qui rappelle aux Etats qu’ils sont tenus de faire respecter les textes qu’ils ont signés. Car la diplomatie et le multilatéralisme ne suffisent pas toujours. C’est certainement cette coexistence entre instances onusiennes, tradition des bons offices et société civile très forte qui fait de Genève la capitale mondiale des droits humains.

Depuis 2005 déjà, la Ville de Genève apporte son soutien au Prix Martin Ennals. Pourquoi cet engagement?

Partout dans le monde, celles et ceux qui se battent au nom d’une certaine idée de l’humanité et pour le respect des droits fondamentaux courent le risque de devenir elles-mêmes et eux-mêmes la cible d’actes de violence. Chaque année, ils et elles sont ainsi des centaines, des milliers, à être pourchassé-e-s, criminalisé-e-s, torturé-e-s, emprisonné-e-s et même tué-e-s en raison de leur engagement pour la dignité humaine et pour la défense des droits démocratiques et environnementaux. Dans la majeure partie des cas, les responsables de ces crimes ne sont jamais poursuivi-e-s. Bien souvent, ce sont d’ailleurs les États eux-mêmes qui orchestrent la répression. Le Prix Martin Ennals permet de briser le silence, de rendre visibles ces hommes et ces femmes, de dénoncer l’intolérable. C’est fidèle à son profond attachement aux droits fondamentaux que la Ville de Genève soutient ce Prix depuis 2005. Il s’inscrit dans la volonté municipale de promouvoir un monde plus juste, non seulement au niveau international, par le biais de sa Délégation Genève ville solidaire, mais aussi au niveau local par la défense des droits des minorités, des communautés et de l’écologie.

Qu’est ce qui fait la spécificité du Prix Martin Ennals et pourquoi la Ville de Genève y est attachée ?

Le Prix Martin Ennals est le fruit d’une collaboration unique entre dix des plus importantes organisations mondiales actives dans la défense et la promotion des droits humains. Ensemble, elles forment un Jury indépendant, qui dispose d’une immense expertise lui permettant de mettre en lumière chaque année trois militant-e-s des droits humains. En parallèle, le Prix Martin Ennals permet non seulement de mettre à l’honneur leur combat, leur courage et leur persévérance, mais aussi de leur apporter, par la médiatisation, une protection. La Ville de Genève est très attachée à ces différents éléments, qui amènent souvent à considérer le Prix Martin Ennals comme le « Prix Nobel des droits humains ».

Que représente le Prix pour Genève ? Quelle est sa portée ?

Alors que l’assaut contre le respect des droits humains est sans précédent, que la liberté d’expression, le droit d’asile et le droit du travail sont attaqués partout et sans cesse, que la solidarité est criminalisée et que la situation humanitaire des réfugié-e-s et des migrant-e-s est toujours plus préoccupante, ce Prix est l’occasion de rendre visibles des combats essentiels et des situations intolérables. Il nous oblige au questionnement, participe à une nécessaire prise de conscience et répercute la parole des défenseurs et défenseuses des droits humains à travers le monde. Enfin, loin de la désespérance ou de l’accablement, le Prix Martin Ennals fait résonner en chacun-e d’entre nous la nécessité d’agir, de résister, de s’engager, ici et maintenant, pour un monde meilleur.

Avez-vous une expérience personnelle concernant les droits humains à partager avec nos lecteurs?

Mes origines m’ont très tôt sensibilisé au respect des droits démocratiques. Ayant eu un grand-père incarcéré pour son engagement en faveur de la démocratie et la république dans l’Espagne de Franco, j’ai poursuivi modestement cette voie, en m’engageant au sein du CICR durant 15 ans. J’ai ainsi pu constater l’importance que revêt pour les victimes le fait d’être reconnues, soutenues, aidées. J’ai été particulièrement ému par les regards de gratitude et d’espérance lors d’échanges de prisonniers dans le Caucase, de rapatriements ou d’échanges de messages familiaux en Iran ou lors de distributions alimentaires en Somalie. Les victimes ne sont plus seules, elles ne sont plus anonymes. Donner un Prix à un défenseur ou une défenseuse des droits humains, c’est aussi mettre en lumière le sort de milliers d’hommes et de femmes inconnu-e-s.

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Rejoignez-nous en direct pour l’annonce des lauréat-e-s le mercredi 19 janvier à 11h CET ici