L’appel de Pham Doan Trang rejeté : Le Vietnam met des DDH en prison tout en faisant du lobbying pour obtenir un siège au CDH
Le 25 août, un tribunal vietnamien a confirmé la peine prononcée contre la journaliste Pham Doan Trang, lauréate du Prix Martin Ennals pour les défenseur-euse-s des droits humains 2022. À l’issue de son procès en décembre 2021, Pham Doan Trang a été condamnée à neuf ans de prison pour « propagande contre l’État ». Les autorités vietnamiennes ont interdit l’accès à la salle d’audience aux membres de sa famille et aux diplomates des pays qui la soutiennent, notamment les États-Unis, l’Allemagne et la République tchèque.
Le 15 août, en amont de l’audience en appel, l’avocat de Trang nous a confié qu’il était inquiet de la gravité de l’état de santé de la jeune femme.
« Elle semble avoir perdu davantage de poids depuis son procès en décembre 2021 et elle souffre encore des symptômes d’un Covid long ».
La décision du tribunal illustre la situation alarmante des droits humains dans le pays. Les journalistes et les défenseur-euse-s des droits humains au Vietnam sont très exposé-e-s à différents types de risques, notamment de la violence, de la censure, des amendes et des peines de prison de longue durée, en raison de leur combat contre la corruption et les violations des droits humains commises par les institutions gouvernementales.
Dans une récente déclaration, l’Union européenne a qualifié de « vagues » les accusations de « propagande contre l’État » portées contre Trang et a souligné que les mesures prises à son encontre violent les obligations internationales du Vietnam en matière de droits humains.
Le Département d’État américain dénonce :« Le maintien en détention de Trang est le dernier exemple en date d’une pratique systématique et alarmante d’arrestations et de condamnations d’individus au Vietnam qui ne font qu’exprimer leur opinion de manière pacifique ». Il a exhorté les autorités vietnamiennes à accorder à la défenseuse l’accès à des soins médicaux.
Au cours de son procès en décembre 2021, Trang a publié une déclaration dans laquelle elle affirmait : « Plus la peine de prison est longue, plus la nature autoritaire et antidémocratique de la République socialiste du Vietnam est manifeste ».
En mars 2022, le Vietnam a annoncé sa candidature pour un siège au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour 2023-2025. Le vote aura lieu en octobre prochain à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Cependant, le rejet de l’appel à la condamnation de Pham Doan Trang confirme à nouveau que le Vietnam ne respecte pas les engagements inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies. Sa présence au sein du Conseil risque de porter atteinte à l’authenticité des procédures et à la légitimité du Conseil dans son rôle de superviseur de la protection des droits humains dans le monde.
Pham Doan Trang est une éminente journaliste et défenseuse de la démocratie au Vietnam qui lutte pour sensibiliser le public à la question des droits humains dans le pays. Elle milite pour le respect des libertés civiles telles que la liberté d’expression, la liberté de la presse, et la liberté de réunion. En 2016, elle a dénoncé la catastrophe environnementale causée par le conglomérat Formosa qui opère dans le centre du Vietnam. Elle a montré comment les agences gouvernementales ont agi de manière incohérente et contradictoire mais aussi comment le manque de transparence et le climat d’impunité ont entravé l’enquête et la résolution de la crise.
Ces derniers mois, Pham Doan Trang a remporté plusieurs prix des droits humains, notamment le prix Women of Courage Award 2022 du Département d’État américain, et le prix Canada-Royaume-Uni pour la liberté de la presse 2022. Les États-Unis et de nombreuses organisations de la société civile ont dénoncé le procès inéquitable de Pham Doan Trang.
La Fondation Martin Ennals demande instamment aux autorités vietnamiennes de libérer Pham Doan Trang immédiatement et se joint aux appels lancés aux États membres leur demandant d’évaluer la candidature du Vietnam au Conseil des droits de l’homme pour 2023-2025 à la lumière de ses récents agissements.