Saadia Mosbah est une éminente militante tunisienne des droits humains qui a consacré sa vie à la lutte contre le racisme et à la défense des droits des Tunisiens noirs et des victimes de racisme et de discrimination raciale, notamment les Tunisiens noirs et les migrants subsahariens. Ses efforts inlassables ont porté sur le démantèlement des stéréotypes et la promotion de l’égalité dans la société tunisienne, afin de favoriser une société exempte de préjugés, de racisme et de divisions. Saadia Mosbah a elle-même été victime de discrimination raciale en tant que femme noire tunisienne, tant sur son lieu de travail que dans la société tunisienne.
Après la révolution, aux côtés d’autres militants, Saadia a cofondé en 2012-2013 l’association « Mnemty » (« Mon rêve » en arabe), la principale organisation dédiée à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale en Tunisie, dont elle est devenue la présidente. L’objectif de l’association est de lutter contre la discrimination raciale et les discours haineux en Tunisie, et de promouvoir la fin des discriminations et le droit à l’égalité, par le biais de l’éducation, de la sensibilisation et de l’activisme législatif. Mnemty cherche à éradiquer le racisme sous toutes ses formes : institutionnelle, culturelle et sociale. Sous la direction de Saadia, Mnemty s’est construite comme une organisation inclusive et non communautaire, accueillant tous les militants qui partagent sa vision et sont prêts à promouvoir ses objectifs. Mnemty travaille en collaboration et en solidarité avec d’autres ONGs qui luttent contre toutes les formes de discrimination dans la société tunisienne.
En tant que présidente de l’association, elle a recruté et formé une équipe de jeunes Tunisiens issus de différents horizons et a mené avec succès des initiatives clés, notamment un débat national sur le racisme systémique en 2016 et pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité ; l’adoption historique de la Loi n° 50 contre le racisme (2018) ; la déclaration par l’ancien président tunisien du 23 janvier comme Journée nationale pour l’abolition de l’esclavage en 2019, qu’elle a ensuite mise à profit pour organiser des événements culturels et universitaires ; et la dénonciation des discours xénophobes et des attaques violentes contre les Tunisiens noirs et les migrants subsahariens.
Ces prises de position publiques contre la discrimination raciale ont donné lieu à une campagne de diffamation sévère et coordonnée à son encontre, ainsi qu’à l’encontre de Mnemty et de ses membres, sur les réseaux sociaux. Elle a été arrêtée le 6 mai 2024 sur la base de fausses accusations de crimes financiers et est depuis maintenue en détention provisoire sans qu’aucune date de procès n’ait été fixée.
