En 2025, la Fondation Martin Ennals organisera la 31e édition du Prix Martin Ennals, une distinction prestigieuse décernée aux défenseurs des droits humains les plus remarquables par un jury composé de dix organisations de premier plan du mouvement des droits humains.
Le Prix a été créé en 1994 afin de reconnaître, promouvoir et protéger les défenseurs des droits humains en danger ou issus de contextes peu médiatisés. Il culmine chaque année lors d’une cérémonie publique à Genève, co-organisée avec la Ville de Genève. Au fil des ans, le Prix a offert aux défenseurs une tribune pour aborder des questions d’intérêt mondial et établir des liens afin de diriger le mouvement en faveur des droits humains et des libertés au sens large.
Au cours des 30 dernières années, le jury a récompensé 57 défenseurs issus de 40 pays et de tous horizons : avocats, journalistes, universitaires, médecins, religieux, femmes au foyer, étudiants et militants de base. Leurs voix ont illustré certaines des revendications les plus importantes en matière de droits humains au cours des dernières décennies : une justice libre et équitable pour les violations commises par les forces de sécurité ; l’accès à l’information et la liberté d’expression pour dénoncer les pratiques répressives et les autorités ; la lutte contre la discrimination sexuelle et l’importance de la participation pleine et égale des femmes à la société ; le rôle essentiel de la société civile dans la résolution des conflits et des situations post-conflit ; le rôle des entreprises dans l’exploitation des ressources naturelles au détriment des droits fonciers des peuples autochtones ; ou encore le rôle des puissances mondiales dans les violations du droit à la vie des migrants.
Le prix Martin Ennals 2025 s’inscrit dans la continuité de cet héritage et rendra à nouveau hommage à des défenseurs des droits humains exceptionnels qui se sont donné pour mission de protéger les droits humains dans leurs communautés et leurs pays, malgré un environnement profondément répressif.
Ana Paula Gomes de Oliveira (lauréate) : En mai 2014, Ana Paula Oliveira a tragiquement perdu son fils Johnatha, un jeune homme noir de 19 ans, à Manguinhos, une favela de Rio de Janeiro, lorsqu’il a été abattu par la police alors qu’il rentrait chez lui après avoir rendu visite à sa petite amie. Depuis, Ana Paula a transformé son chagrin et son indignation en une puissante quête de justice contre les violences policières. Elle a cofondé le collectif Mães de Manguinhos (les Mères de Manguinhos) comme front de résistance et de défense, mais aussi comme réseau de soutien émotionnel et de solidarité entre femmes qui partagent des histoires de pertes similaires. Ces femmes, en majorité noires, dont beaucoup ont perdu des enfants et d’autres membres de leur famille à la suite d’actes violents commis par des agents des forces de l’ordre, se sont réunies pour revendiquer leurs droits et dénoncer la violence dans les favelas, en particulier la violence policière qui touche de manière disproportionnée les jeunes Noirs pauvres. Le collectif lutte pour la vérité, la mémoire, la justice, la liberté et la garantie des droits humains des personnes noires, pauvres et vivant en périphérie.
« Lorsque nous naissons noirs et que nous grandissons dans les favelas, nous sommes la cible d’un système raciste qui est davantage renforcé par des politiques de sécurité publique fondées sur la mort et l’emprisonnement », Ana Paula Oliveira a déclaré à la Fondation Martin Ennals.
Selon l’ONU, les meurtres commis par la police ont plus que doublé au cours des dix dernières années au Brésil, avec plus de 6 000 meurtres chaque année au cours des six dernières années. Les Noirs, en grande majorité des hommes, sont trois fois plus susceptibles d’être tués par la police que le reste de la population, et représentent un taux choquant de 82,7 % des meurtres commis par la police en 2023.
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Aloikin Praise Opoloje (finaliste) est une étudiante ougandaise de 26 ans qui est devenue l’une des principales porte-parole de la lutte contre la corruption, les injustices sociales et les violations des droits humains en Ouganda. Inspirée par les conditions de vie et d’éducation désastreuses dans son district natal de Palisa, elle a mobilisé des milliers de personnes via les réseaux sociaux et a organisé d’importantes manifestations pacifiques, notamment la Marche vers le Parlement et la Manifestation nue contre la mauvaise gestion du gouvernement, qui ont conduit à la mise en cause de la responsabilité des institutions publiques dans la tragédie de la décharge de Kiteezi. Malgré des arrestations répétées en 2024 et des poursuites judiciaires en cours, Aloikin a créé le mouvement WeThePeople, qui informe les jeunes Ougandais sur leurs droits civiques et la résistance non violente.
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Saadia Mosbah (finaliste) est une militante tunisienne de premier plan dans le domaine des droits humains et cofondatrice de Mnemty (« Mon rêve » en arabe), la principale organisation dédiée à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale en Tunisie. Elle a mené des initiatives par le biais de l’éducation, de la sensibilisation et du plaidoyer législatif, qui ont conduit au débat national de 2016 sur le racisme systémique, à l’adoption de la loi n° 50 contre le racisme (2018) et à la proclamation du 23 janvier comme Journée nationale pour l’abolition de l’esclavage en Tunisie (depuis 2019). Son travail s’est également concentré sur la lutte contre les préjugés à l’égard des migrants et la promotion des droits des migrants et des réfugiés. Malgré son activisme légitime, Saadia Mosbah et Mnemty ont été victimes d’intenses campagnes de diffamation. Elle a été arrêtée le 6 mai 2024 sur la base de fausses accusations de crimes financiers et est depuis maintenue en détention provisoire sans qu’aucune date de procès n’ait été fixée.
Découvrez les Lauréat-e-s et Finaliste-s 2025 en regardant notre traditionnelle cérémonie de remise des prix qui s’est déroulée le mercredi 26 novembre à la Salle communale de Plainpalais, Rue de Carouge 52, Genève.
Cette cérémonie, co-organisée avec la Ville de Genève, est l’occasion de découvrir les lauréats 2025 : qui ils sont, leurs aspirations et ce qu’ils ont accompli pour mettre les droits humains au premier plan. Leurs histoires inspirantes illustrent les luttes essentielles pour les droits humains dont le monde a besoin d’entendre parler, pour la paix, la dignité et l’égalité de tous.
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