Le 26 novembre 2025, la Fondation Martin Ennals a tenu la 31e édition du Prix Martin Ennals , une distinction prestigieuse décernée aux défenseur-euse-s des droits humains les plus remarquables par un jury composé de dix organisations de premier plan du mouvement des droits humains.
Le prix a été créé en 1994 pour reconnaître, promouvoir et protéger les défenseur-euse-s des droits humains en danger ou dans des contextes peu médiatisés. Il se termine chaque année par une cérémonie publique à Genève, organisée conjointement avec la ville de Genève. Au fil des ans, le prix a offert aux défenseur-euse-s une tribune pour aborder des questions d’intérêt mondial et des liens pour orienter le mouvement en faveur des droits humains et des libertés les plus larges.
Le jury a distingué 55 défenseur-euse-s au cours des 30 dernières années, originaires de 38 pays et issu-e-s de toutes les couches de la société : avocat-e-s, journalistes, universitaires, médecins, religieux, femmes et hommes au foyer, étudiant-e-s et militant-e-s de base. Leurs voix ont illustré certaines des demandes les plus importantes en matière de droits humains au cours des dernières décennies : une justice libre et équitable pour les violations commises par les forces de sécurité ; l’accès à l’information et la liberté d’expression pour dénoncer les pratiques et les autorités répressives ; la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe et l’importance de la participation pleine et égale des femmes dans la société ; le rôle essentiel de la société civile dans la résolution des conflits et des situations post-conflit ; le rôle des entreprises dans l’exploitation des ressources naturelles contre les droits à la terre des populations autochtones ; ou le rôle des puissances mondiales dans les violations du droit à la vie des migrant-e-s.
Le Prix Martin Ennals 2024 a perpétué cet héritage et a récompensé deux défenseur-euse-s des droits humains exceptionnel-le-s qui se sont donné-e-s pour mission de protéger les droits humains dans leurs communautés et leurs pays, bien qu’ils et elles évoluent dans des environnements profondément répressifs.
Une discussion publique avec les membres du jury a eu lieu dans le prolongement nocturne de la cérémonie et a été l’occasion de présenter les questions qui façonneront l’avenir du prix.
Ana Paula Gomes de Oliveira (lauréate) : En mai 2014, Ana Paula Oliveira a tragiquement perdu son fils Johnatha, un jeune homme noir de 19 ans, à Manguinhos, une favela de Rio de Janeiro, lorsqu’il a été abattu par la police alors qu’il rentrait chez lui après avoir rendu visite à sa petite amie. Depuis, Ana Paula a transformé son chagrin et son indignation en une puissante quête de justice contre les violences policières. Elle a cofondé le collectif Mães de Manguinhos (les Mères de Manguinhos) comme front de résistance et de défense, mais aussi comme réseau de soutien émotionnel et de solidarité entre femmes qui partagent des histoires de pertes similaires. Ces femmes, en majorité noires, dont beaucoup ont perdu des enfants et d’autres membres de leur famille à la suite d’actes violents commis par des agents des forces de l’ordre, se sont réunies pour revendiquer leurs droits et dénoncer la violence dans les favelas, en particulier la violence policière qui touche de manière disproportionnée les jeunes Noirs pauvres. Le collectif lutte pour la vérité, la mémoire, la justice, la liberté et la garantie des droits humains des personnes noires, pauvres et vivant en périphérie.
« Lorsque nous naissons noirs et que nous grandissons dans les favelas, nous sommes la cible d’un système raciste qui est davantage renforcé par des politiques de sécurité publique fondées sur la mort et l’emprisonnement », Ana Paula Oliveira a déclaré à la Fondation Martin Ennals.
Selon l’ONU, les meurtres commis par la police ont plus que doublé au cours des dix dernières années au Brésil, avec plus de 6 000 meurtres chaque année au cours des six dernières années. Les Noirs, en grande majorité des hommes, sont trois fois plus susceptibles d’être tués par la police que le reste de la population, et représentent un taux choquant de 82,7 % des meurtres commis par la police en 2023.
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Aloikin Praise Opoloje (finaliste) est une étudiante ougandaise de 26 ans qui est devenue l’une des principales porte-parole de la lutte contre la corruption, les injustices sociales et les violations des droits humains en Ouganda. Inspirée par les conditions de vie et d’éducation désastreuses dans son district natal de Palisa, elle a mobilisé des milliers de personnes via les réseaux sociaux et a organisé d’importantes manifestations pacifiques, notamment la Marche vers le Parlement et la Manifestation nue contre la mauvaise gestion du gouvernement, qui ont conduit à la mise en cause de la responsabilité des institutions publiques dans la tragédie de la décharge de Kiteezi. Malgré des arrestations répétées en 2024 et des poursuites judiciaires en cours, Aloikin a créé le mouvement WeThePeople, qui informe les jeunes Ougandais sur leurs droits civiques et la résistance non violente.
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Saadia Mosbah (finaliste) est une militante tunisienne de premier plan dans le domaine des droits humains et cofondatrice de Mnemty (« Mon rêve » en arabe), la principale organisation dédiée à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale en Tunisie. Elle a mené des initiatives par le biais de l’éducation, de la sensibilisation et du plaidoyer législatif, qui ont conduit au débat national de 2016 sur le racisme systémique, à l’adoption de la loi n° 50 contre le racisme (2018) et à la proclamation du 23 janvier comme Journée nationale pour l’abolition de l’esclavage en Tunisie (depuis 2019). Son travail s’est également concentré sur la lutte contre les préjugés à l’égard des migrants et la promotion des droits des migrants et des réfugiés. Malgré son activisme légitime, Saadia Mosbah et Mnemty ont été victimes d’intenses campagnes de diffamation. Elle a été arrêtée le 6 mai 2024 sur la base de fausses accusations de crimes financiers et est depuis maintenue en détention provisoire sans qu’aucune date de procès n’ait été fixée.
Découvrez les Lauréat-e-s et Finaliste-s 2025 en regardant notre traditionnelle cérémonie de remise des prix qui s’est déroulée le mercredi 26 novembre à la Salle communale de Plainpalais, Rue de Carouge 52, Genève.
Cette cérémonie, co-organisée avec la Ville de Genève, est l’occasion de découvrir les lauréats 2025 : qui ils sont, leurs aspirations et ce qu’ils ont accompli pour mettre les droits humains au premier plan. Leurs histoires inspirantes illustrent les luttes essentielles pour les droits humains dont le monde a besoin d’entendre parler, pour la paix, la dignité et l’égalité de tous.
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