Trois défenseur-e-s des droits humains sélectionnés comme finalistes du Prix Martin Ennals 2011

avril 30, 2011

Le Prix Martin Ennals est une unique collaboration entre dix des plus grandes organisations de défense des droits humains qui composent le Jury: Amnesty International, Human Rights Watch, Human Rights First, Fédération internationale des droits de l’homme, Organisation mondiale contre la torture, Front Line Defenders, Commission internationale de juristes, German Diakonie, Service international pour les droits de l’homme et HURIDOCS

Les cinq nominés sont: Mlle Kasha Jacqueline Nabagesera (Ouganda), Père Alejandro Solalinde Guerra (Mexique), M. Azimjon Askarov (Kyrgyzstan), M. Pacifique Nininahazwe (Burundi) et Mlle Vilma Nuñez de Escorcia (Nicaragua).

Kasha Jacqueline Nabagesera, femme ougandaise née en 1980, est la fondatrice et la présidente de Freedom and Roam Uganda, la seule organisation de défense des droits des femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres du pays. Kasha a eu le courage d’apparaître à la télévision nationale en Ouganda, elle a publié plusieurs communiqués de presse au nom de la communauté homosexuelle et s’est exprimé sur de nombreuses stations de radio. Déjà en 2007, elle a été brutalement agressée lors du Forum social mondial de Nairobi. Ensuite et à plusieurs reprises, elle a fait l’objet d’actes de harcèlement, de menaces et a même été attaquée pour être apparue dans les médias. Depuis, elle change fréquemment de domicile, craignant de rester au même endroit trop longtemps. Le 26 janvier 2011, un de ses collègues et militant homosexuel, David Kato, a été assassiné suite à la publication d’une “liste d’homosexuels” par le susmentionné tabloïd ougandais Rolling Stone appelant à leur pendaison. Le nom de Kasha Jacqueline apparaît également sur cette liste noire.

Alejandro Solalinde Guerra, né en 1945, est un prêtre catholique mexicain et coordinateur du Centre pastoral catholique d’aide aux migrants dans le Sud-Ouest du Mexique. Il apporte son aide aux migrants originaires d’Amérique centrale qui traversent le Mexique. En 2007, il a ouvert un refuge pour les migrants blessés et/ou qui ont besoin d’aide dans la ville d’Ixtepec. Il a condamné publiquement la manière dont les autorités mexicaines traitent les migrants en situation irrégulière, ce qui l’a rendu plus vulnérable face à de potentielles attaques. Depuis 2008, les médias locaux rapportent souvent de fausses histoires où le refuge est accusé d’accueillir des migrants suspectés d’avoir commis des actes criminels. La vie de Père Solalinde est en danger.

Pacifique Nininahazwe, citoyen burundais né en 1976, est président du Forum pour le renforcement de la société civile. Pacifique est considéré comme un porte-parole incontournable de la communauté des droits humains. Il est à la tête d’un mouvement de lutte contre la répression croissante qui sévit dans le pays. Cette initiative, qui a pour objectif de coordonner la société civile pour la faire parler d’une seule voix, offrira selon lui davantage de visibilité et de protection aux militants. En novembre 2009, Pacifique a reçu des avertissements concernant un prétendu complot visant à l’assassiner. Il continue à recevoir régulièrement des menaces téléphoniques anonymes et il a dit être surveillé.

Azimjon Askarov, citoyen kirghize né en 1951, est actuellement en prison. D’origine ethnique ouzbek, il a reçu un diplôme de l’université des arts de Tachkent.  Azimjon est directeur d’AIR, une organisation de défense des droits humains dans le sud du Kyrgyzstan. En juin 2010, il a recueilli des informations sur les violences et les actes de pillage commis à Bazar Kurgan suite aux affrontements inter-ethniques à Och entre les communautés kirghize et ouzbek. Azimjon a été arrêté le 15 juin, interrogé sur son travail puis accusé d’avoir “provoqué” le meurtre d’un policier. Le 15 septembre 2010, le tribunal du district de Bazar Kurgan a condamné Azimjon à la réclusion à perpétuité lors d’un procès marqué par des allégations d’actes de torture.

Vilma Nuñez de Escorcia, est une citoyenne nicaraguayenne née en 1939. Elle est la co-fondatrice et la présidente du Centre nicaraguayen des droits humains. Elle est la première femme magistrate du Nicaragua et a également été vice-présidente de la Cour suprême de justice, puis présidente de la Commission nationale des droits de l’homme. Elle a établi un réseau national de défenseurs des droits humains comprenant des comités locaux dans presque toutes les municipalités du pays. Avec le Groupe stratégique pour la légalisation de l’avortement thérapeutique, Vilma dirige depuis 2006 une campagne contre la nouvelle loi criminalisant l’avortement thérapeutique. En 2008, elle a présidé des audiences du Tribunal permanent des peuples (une cour de justice alternative) à l’occasion desquelles ont été examinées des charges pesant contre des compagnies multinationales.

Le Jury international, doit se rencontrer le 2 mai prochain, à l’invitation de la Ville de Genève, pour élire le Lauréat du Prix Martin Ennals de cette année. Le 3 mai, son nom sera annoncé lors d’une conférence de presse à Genève. Le Prix sera remis au vainqueur le 13 octobre à l’occasion de la cérémonie annuelle, organisée conjointement par la Fondation Martin Ennals et la Ville de Genève.