Pour l’adoption d’une “Journée internationale pour les droits des prisonniers”

novembre 2, 2009

par Emadeddin Baghi (Iran), Lauréat du Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains 2009

Aujourd’hui, il existe plusieurs journées internationales dédiées à la commémoration de thèmes divers tels que les droits humains, la liberté de la presse ou encore la lutte contre le sida/HIV. Aucune célébration de la sorte existe pour les prisonniers; pourtant, la question des prisons et des prisonniers est beaucoup plus ancienne que beaucoup d’autres préoccupations des droits humains. La manière dont les détenus sont traités constitue un indicateur clair du respect et/ou de la violation des droits humains.

Consacrer une journée spéciale aux droits des prisonniers présenterait l’avantage de sensibiliser l’opinion publique grâce aux médias sur ce jour spécifique à l’échelle mondiale. L’expérience démontre que si les institutions et les médias travaillent sur un thème en particulier, ils sont capables de mobiliser davantage de ressources sur une journée spécifique dédiée à une cause. Articles, livres, produits artistiques, institutions, ONG et experts sur les droits de prisonniers peuvent contribuer à soutenir et à nourrir cette journée.

A l’occasion de cette journée, une attention toute particulière doit être portée au personnel pénitentiaire, aux gardes et à toutes les personnes en contact direct avec les détenus. Se contenter de punir et de réprimander le personnel pénitentiaire ne les encourage pas à respecter les droits des prisonniers. Ainsi, le personnel pénitentiaire qui, selon les dires des prisonniers et des institutions de défense des droits humains, aurait oeuvré en faveur du respect des droits des prisonniers et promu la dignité humaine, devrait se voir récompensé à l’occasion de la journée internationale pour les droits des prisonniers. Cette attention peut contribuer à amorcer un processus de compétition constructive entre les différents membres du personnel pénitentiaire pour respecter les droits des prisonniers. Même dans les pays accusés de violer les droits humains, cette initiative devrait être accueillie favorablement par les Etats qui ne peuvent pas vraiment s’opposer à des donations au personnel pénitentiaire qui respecte les droits des prisonniers. Cette donation est remise à un employé du gouvernement et non pas à un opposant. C’est exactement pour cette raison que j’ai proposé de l’instaurer en Iran. Quelques prisonniers politiques condamnés à de lourdes peines m’ont appelé  pour me témoigner leur reconnaissance et ont même nominé quelques uns des gardes de prison pour les encourager.

Je suggère le 5 mars comme date pour cette journée. C’est le 5 mars 1897 que Seyed Jamalodin Assadabadi, l’un des militants perses pour les droits sociaux et politiques  les plus importants et l’un des premiers défenseurs des droits humains (dans leur acception moderne) dans la région, a été tué dans une prison ottomane, privé de tous droits. Je laisse cependant le soin aux diverses organisations de proposer et de développer l’idée à l’échelle internationale.

J’espère qu’un jour toutes les organisations de défense des droits humains à travers le monde, les ONG et les médias se mobiliseront pour rapporter des événements qui se déroulent à l’intérieur des prisons et pour dénoncer les violations qui y sont commises. Les droits des prisonniers en bénéficieront certainement.