Loujain AlHathloul, finaliste du Prix Martin Ennals, est une militante saoudienne célèbre à travers le monde pour sa défense des droits des femmes. Sa participation à la campagne #Women2drive et son combat pour l’abolition du système de tutelle masculine en Arabie saoudite lui ont valu d’être condamnée à cinq ans et huit mois de prison le 28 décembre 2020, pour des motifs de « sécurité nationale ». Le 10 février 2021, Loujain a été libérée après 1 001 jours de prison, mais cette libération n’est pas pour autant synonyme de liberté : elle demeure soumise à une période de probation de trois ans assortie d’une interdiction de voyager de cinq ans. Sa famille continue à se battre pour sa libération inconditionnelle et celle d’autres militant-e-s saoudien-ne-s.

Une pionnière du mouvement pour les droits des femmes

Pendant près de dix ans, Loujain AlHathloul a défendu avec ferveur les droits des femmes dans son pays et a contribué au changement de la société saoudienne. Elle a milité pour que les femmes jouissent des mêmes droits et libertés que les hommes et elle a contesté le pouvoir, les privilèges ainsi que le patriarcat dans son pays. Figure de proue du mouvement « Women to Drive », elle avait aussi souhaité d’ouvrir un centre d’accueil pour les femmes victimes de violence domestique. « Elle est l’une des seules voix saoudiennes indépendantes dans le monde », déclare sa sœur Lina.  

Loujain a parcouru le monde pour sensibiliser l’opinion publique sur la situation des droits des femmes en Arabie saoudite. Elle a rencontré des membres du Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Selon Phil Lynch, directeur exécutif de l’ISHR et membre du Jury du Prix Martin Ennals, ce briefing avec l’ONU aurait pu provoquer son arrestation et son emprisonnement : « C’est un exemple paradigmatique de représailles et du refus de laisser les militant-e-s demander des comptes à leurs dirigeants».  

Une détention cruelle et une libération conditionnelle

Loujain a été arrêtée début 2018. En détention, elle a été victime de tortures, de harcèlement sexuel et elle a été placée en cellule d’isolement sans pouvoir communiquer avec sa famille. « Sa détention révèle la cruauté des autorités saoudiennes envers les femmes courageuses qui osent dire haut et fort qu’elles rêvent d’une Arabie saoudite meilleure », déclare Guadalupe Marengo, de l’organisation Amnesty International et membre du Jury.  

Le 10 février 2021, Loujain a enfin été libérée, mais uniquement à titre probatoire. Sa famille continue à se battre pour que sa remise en liberté soit inconditionnelle. « Une interdiction de voyager de cinq ans, assortie d’une période de probation de trois ans pendant laquelle elle pourrait être réincarcérée pour toute activité criminelle présumée et une étiquette de terroriste pour toute la vie : ce n’est pas ça, la liberté ! », commente Uma Mishra, directrice de la campagne #FreeLoujain. 

De vaines tentatives pour la réduire au silence et l’anéantir

Le régime saoudien déploie tous les efforts possibles pour réduire au silence les défenseur-euse-s des droits humains, à l’instar de Loujain, devenue un véritable symbole de résistance. Si elle a été libérée de prison, elle reste encore privée de sa liberté d’expression et de nombreux-ses autres défenseur-euse-s sont encore derrière les barreaux. Mais le retentissement de la campagne #FreeLoujain à l’échelle internationale montre néanmoins que les tentatives pour étouffer sa voix et celle de nombreux-ses autres militant-e-s des droits humains ont été vaines. Les années de prison et les mauvais traitements n’ont pas suffi à l’anéantir non plus. Sa sœur Alia raconte : « Lorsque j’ai parlé à Loujain pour la première fois après sa libération, elle était la même qu’il y a quelques années. La première chose qu’elle a faite a été de me demander comment j’allais. Sa force et sa résilience sont époustouflantes ».  

La famille AlHathloul continuera à faire campagne pour obtenir la liberté inconditionnelle de Loujain afin qu’elle puisse recouvrer le plein exercice de sa liberté de mouvement et d’expression. 

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