Interview avec Barbara Lochbihler

juillet 10, 2020
Barbara Lochbihler, Board Member

©Heidi Sanz

Rencontre avec Barbara Lochbihler, membre du conseil de la Fondation Martin Ennals, ancienne secrétaire générale d’Amnesty International en Allemagne et ancienne membre du Parlement européen (2009-2019)

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la Fondation Martin Ennals ?

Durant les presque 30 dernières années, dans mon rôle de secrétaire générale d’Amnesty International en Allemagne, avant cela avec la Women’s International League for Peace and Freedom à Genève et ensuite en tant que membre du Parlement européen, avec une attention particulière sur les droits humains, le travail et l’expertise des défenseurs des droit humains étaient et sont devenu centraux pour moi. Les défis et menaces croissants auxquels ils sont confrontés pour exiger une meilleure protection des droits de leurs semblables sont toujours très inquiétants et nécessitent toute notre attention et solidarité.

Le Prix Martin Ennals est un prix très prestigieux qui sensibilise le public à propos de la lutte des droits humains dans de nombreuses régions du monde. Il soutient l’engagement courageux d’individus et de leurs organisations dans l’amélioration des conditions des droits humains.
Je me sens fière de rejoindre le conseil de la Fondation Martin Ennals et de soutenir cet important prix international.

 

Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le Comité des Nations Unies contre les disparitions forcées ?

Après avoir terminé mon mandat au Parlement européen à Bruxelles, j’étais à la recherche d’un moyen de continuer mon engagement en faveur des droits humains. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) à Genève est au centre de l’élaboration de normes et de mécanismes de protection internationaux.
Depuis un an maintenant, je suis une experte indépendante au Comité des disparitions forcées. Il suit la mise en œuvre de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et examine les cas individuels.
J’apprécie le bon travail d’équipe avec mes collègues dans le contexte international.

 

Comment pensez-vous que le COVID-19 affectera le travail des défenseurs des droits humains sur le terrain ?

Concernant les recherches pour les personnes disparues, le Covid rend plus difficile de déposer un dossier. Lorsque les bureaux concernés sont fermés et que vous n’êtes pas autorisé à sortir dans les postes de police ou les prisons, comment pouvez-vous rechercher les personnes disparues ? De même pour le travail de recherches sur le terrain et les autres tâches telles que les rendez-vous et le réseautage, on ne peut pas tout faire en ligne.

 

2020 a été jusqu’à maintenant une année de bouleversements mondiaux, quels sont vos conseils aux défenseurs des droits humains à travers le monde ?

Le travail des défenseurs des droits humains est essentiel pour améliorer la situation sur le terrain, en rendant compte factuellement des cas, en analysant les causes profondes des violations des droits humains, en demandant des changement politiques et en proposant de meilleurs mécanismes de protection juridique.

En 2019, Front Line Defenders rapportaient que 304 défenseurs des droits humains ont été tués. De plus en plus de défenseurs sont menacés, victime de violences et d’oppression. Il est urgent de continuer notre soutien international et solidaire avec les défenseurs des droits humains, afin de contrer cette tendance à la violence et à l’oppression contre les acteurs de la société civile.

 

Quelques faits personnels sur Barbara :

Le dernier bon livre qu’elle a lu :

« L’autre moitié du soleil », 2006, de Chimamanda Ngozi Adichie, un roman qui se déroule au Nigéria durant la guerre civile des années 60 pour un Biafra indépendant.

 

Le dernier bon film qu’elle a vu :

« Retour à Cold Mountain », GB/I, 2003, d’Anthony Minghella, avec Jude Law, Nicole Kidman, un drame de guerre civile se déroulant en Caroline du Sud vers 1860.

 

Elle aimerait visiter :

« J’aimerais visiter Genève à nouveau, cette magnifique ville internationale, et j’espère qu’en automne l’ONU va aller de l’avant avec l’organisation d’une réunion physique de notre Comité, qui ont toutes été annulées à cause du COVID-19. »