Interview avec Dick Oosting
Rencontrez Dick Oosting, membre du conseil de la Fondation Martin Ennals, ancien Secrétaire Général adjoint d’Amnesty International et ancien CEO du Conseil européen pour les relations internationales :
Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la Fondation Martin Ennals ?
Ma motivation était un fort sentiment d’engagement envers l’héritage de Martin Ennals avec qui j’ai travaillé lorsqu’il était Secrétaire Général d’Amnesty (1968-1980). Il était un leader inspirant et devenir son adjoint durant les dernières années de son mandat était une grande expérience pour moi.
Quand Leah Levin, co-fondatrice de la Fondation Martin Ennals et compagne d’armes durant ces premières années, m’a demandé de rejoindre le Conseil à son départ en retraite en 2013, c’était une évidence d’accepter afin de maintenir le lien direct aux origines du Prix Martin Ennals.
En siégeant à plusieurs conseils d’administration d’ONG, j’espérais également rendre disponible mon expérience de plus de 40 ans dans le domaine des droits humains, y compris dans les rôles de gestion et de gouvernance, aux générations futures.
D’après-vous, que pensez-vous que les générations futures ont à offrir et qu’espérez-vous qu’elles retirent de votre expérience ?
Selon moi, ils ont une compréhension plus réaliste des gros défis auxquels le monde fait face. C’est peut-être un vœu pieux, mais je vois un sentiment croissant de la nécessité de faire quelque chose chez la plus jeune génération qui subit les conséquences du changement climatique et de la pandémie. Avec les vastes moyens de mobilisation accrus d’aujourd’hui, il est possible d’amener cela à de nouveaux niveaux.
Eléments et expériences que Dick partage avec nous sur son propre parcours dans les droits humains :
C’est excitant de voir le mouvement des droits humains évoluer depuis les années 70-80 en tant qu’entreprise essentiellement occidentale, au mouvement mondial et transitionnel des droits humains d’aujourd’hui avec une reconnaissance croissante de la nécessité de responsabiliser ceux qui sont en première ligne : les défenseurs des droits humains. A travers mes différents rôles à Amnesty durant une longue période, j’avais un point de vue unique sur cette évolution. A travers la Fondation Martin Ennals, nous pouvons protéger et soutenir les défenseurs afin qu’ils puissent continuer leur lutte sur le terrain.
J’ai été témoin de l’avancée des droits économiques et sociaux pour atteindre un statut essentiellement égal dans la lutte pour les droits humains. Cela m’a permis d’avoir une approche plus réaliste dans laquelle les « droits humains » ne sont plus juste une question de principe absolus, mais qui peuvent être montrés pour incarner des valeurs hautement pertinentes pour des intérêts économiques ou de sécurité nationale. Le profil des Finalistes et des Lauréats du Prix Martin Ennals au fil des ans, reflète ce changement important vers une vision beaucoup plus globale des droits humains et de ce qu’il faut pour les défendre.
J’ai eu la chance de gérer une agence néerlandaise de protection de l’enfance et le Conseil néerlandais des réfugiés entre mes années à Amnesty International. Ces expériences m’ont montré différentes manières dont se joue la responsabilité de l’Etat à l’égard des droits humains de ses citoyens : les droits des enfants d’être protégé des nuisances au sein de la famille ; l’importance de voir les réfugiés comme des survivants fort qui peuvent grandement contribuer à nos sociétés si on leur en donne l’occasion et le respect. Apporter les nobles principes des droits humains jusqu’au niveau individuel est là où ces défis et opportunités sont relevés et le Prix Martin Ennals souligne précisément cela, en mettant l’accent sur ces personnes.