Aloikin est une défenseuse des droits humains ougandaise de 26 ans, étudiante et mère célibataire d’une petite fille de 2 ans. Son activisme a été inspiré par les conditions de vie dans son district natal de Palisa, à Kampala, qui affiche le taux d’analphabétisme et d’abandon scolaire le plus élevé du pays chez les filles, ainsi que des conditions inadéquates dans le domaine de la santé. Via ses réseaux sociaux, elle informe sur ces conditions difficiles et a mobilisé des dizaines de milliers de personnes pour des manifestations puissantes en faveur de la justice sociale et contre les violations des droits humains, notamment la torture et la corruption systémique.
Parmi celles-ci, citons la Marche vers le Parlement du 23 juillet 2024, une manifestation anti-corruption qui a vu des centaines de personnes arrêtées et certaines torturées pendant leur détention. Aloikin Praise a co-organisé la Manifestation nue devant le Parlement contre la corruption et la mauvaise gestion du gouvernement dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’assainissement. Cette manifestation a réuni un groupe de jeunes femmes, dont Aloikin, qui se sont courageusement déshabillées pour protester contre la mauvaise et criminelle gestion de la décharge de Kiteezi par la Kampala Capital City Authority (KCCA), une entité publique responsable du fonctionnement opérationnel de la capitale. Suite à cette manifestation, la directrice exécutive de la KCCA a été licenciée et inculpée pour la mort de plus de 30 Ougandais.
Kiteezi, une décharge géante vieille de près de 30 ans, est la plus grande des nombreuses décharges de la ville de Kampala et de ses environs. Les jeunes fouillent ces sites à la recherche d’objets récupérables qu’ils peuvent laver et revendre. En août 2024, un glissement de terrain a enseveli et tué 35 personnes sous les déchets. Au fil des ans, plus de 200 personnes ont perdu leur maison à cause de cette décharge.
Lors d’une nouvelle marche vers la Cour suprême, Aloikin a également mobilisé des centaines de jeunes Ougandais pour dénoncer les procès de civils devant la cour martiale, un outil utilisé pour punir les dissidents politiques. Un jugement attendu depuis longtemps a finalement interdit cette pratique contestée.
En raison de son activisme, qui a toujours été pacifique, Aloikin a été brutalement arrêtée à trois reprises et a purgé une peine de prison en 2024. Actuellement libre, elle fait toujours face à trois accusations distinctes devant les tribunaux. Ces tactiques visant à la réduire au silence n’ont fait que renforcer sa détermination et l’ont motivée à créer le mouvement WeThePeople, qui informe les jeunes Ougandais sur leurs droits civiques et sur la résistance non violente. Aloikin Prasie a remporté le Prix des défenseurs des droits humains 2025, une distinction décernée par l’Union européenne en Ouganda.
L’espace civique en Ouganda reste restrictif alors que les fonctionnaires sont accusés de corruption et que les autorités répriment les manifestations et les organisations de défense des droits humains. Les militants écologistes continuent d’être pris pour cible pour leur opposition à des mégaprojets, et les personnes LGBTI restent confrontées à des discriminations légales, seules certaines dispositions de la loi anti-homosexualité de 2023 ayant été abrogées.








