Emadeddine Baghi

2009 Laureate

Emaddedine Baghi Emadeddine Baghi 2009 Laureate

Personal Details

Biographie

Théologien, écrivain et journaliste basé à Téhéran, Emadeddin Baghi est un défenseur des droits de l’homme iranien. Depuis les années 1980, il a oeuvré pour l’amélioration de la situation des droits de l’homme dans son pays par des moyens pacifiques. Fondateur et président de la Société pour la défense des droits des prisonniers, Baghi est aussi membre du conseil central de la société pour la défense de la liberté de la presse et membre du conseil de l’Association pacifiste.

Expert en jurisprudence islamique, Baghi s’est construit une réputation de fervent opposant à la peine de mort. Il a fait campagne pour son abolition en démontrant, à travers un examen méthodique de la loi islamique, qu’il n’y a aucune base doctrinale qui puisse justifier la peine capitale.

Depuis le début de la Révolution islamique en 1979, Baghi a collecté des informations sur toutes les formes d’exécutions commises en Iran. Selon ses estimations, il y en aurait eu plus de
dix mille, dont certaines pratiquées sur des mineurs délinquants. Son travail d’enquête sur les violations des droits de l’homme en Iran s’est avéré être une ressource précieuse pour la communauté internationale. Baghi a également publié de nombreux articles et ouvrages qui traitent principalement de la peine de mort, des exécutions, de l’assassinat d’intellectuels dissidents et qui présentent une interprétation de la loi islamique compatible avec les valeurs démocratiques.

Emadeddine Baghi is the founder and head of the Committee for the Defense of Prisoners' Rights

Emadeddine Baghi is the founder and head of the Committee for the Defense of Prisoners’ Rights

Né en 1962, Emadeddin Baghi a commencé à militer en politique et dans la sphère sociale à la fin des années 1970. Après la révolution, il a étudié la théologie à Qom et la sociologie à Téhéran. Il a débuté sa carrière de journaliste en 1983 en écrivant pour plusieurs journaux et magazines. A la fin des années 1990, il a surtout écrit pour des journaux de « tendance réformatrice » et est devenu rédacteur en chef du journal Fath quelques années plus tard. En 2005, il fonde Jomhuriyat, journal aujourd’hui interdit qui comprend des rubriques sur les droits de l’homme, les syndicats et la société civile. Il est aussi l’auteur d’une vingtaine de livres, dont six sont aujourd’hui interdits en Iran.

Baghi a passé plusieurs années en prison au cours des dix dernières années pour avoir fait campagne contre la peine de mort et pour ses activités de défenseur des droits de l’homme. En 2000, il a été condamné à sept ans et demi de prison pour blasphème mais a été libéré en 2003. Il a de nouveau été arrêté, condamné en 2007 puis libéré.

Le 20 mai 2009, il a remporté le prix Martin Ennals mais, interdit de voyages, il n’a pas pu assister à la cérémonie de remise du prix en novembre 2009 à Genève.

Quelques temps après la cérémonie, le 28 décembre 2009, Baghi a été ré-arrêté, sans doute pour avoir eu une interview avec le défunt Grand Ayatollah Hussein-Ali Montazeri, entretien diffusé par la suite plusieurs fois sur la BBC en perse. Baghi s’était entretenu avec lui sur les questions des droits des prisonniers et de l’exécution des prisonniers politiques en Iran.

Il a passé les cinq premiers mois de sa détention en cellule d’isolement et sa santé n’a cessé de se dégrader en prison à cause de ses sérieux problèmes de foie et de coeur. ll a perdu beaucoup de poids.

Baghi a finalement été libéré le 20 juin 2011 de la prison d’Evin à Téhéran où il était enfermé depuis décembre 2009.

Aussitôt libéré, il a rendu visite aux familles de Hoda Saber et de Haleh Sahabi, militantes politiques iraniennes décédées quelques jours plus tôt. Sahabi avait succombé à une crise cardiaque à l’enterrement de son père le 1er juin 2011 après avoir été battue par les forces de sécurité de la milice de Basij. Hoda Saber est morte dix jours plus tard alors qu’elle était en grève de la faim pour protester contre le meurtre de Sahabi.

Emadeddine Baghi following his release. In the months leading up to his release him and other prisoners went on a hunger strike in protest of the deaths of fellow dissidents.

Même s’il est sorti de prison, les accusations portées contre lui n’ont pas été levées en raison de ses activités de militant des droits de l’homme.

Du fait de son travail de journaliste et de défenseur des droits de l’homme, Baghi et sa famille ont dû faire face à un harcèlement constant de la part de la police et de la justice. Depuis 1995, Baghi a été cité à comparaître devant le tribunal ou convoqué par le ministère des renseignements plus de soixante fois. Si l’on ajoute à ce nombre les convocations, les interrogatoires et les procès de sa femme, de ses filles et de son gendre, on arrive à un total de soixante-dix-huit!

Baghi tend à être de plus en plus marginalisé par les autorités en Iran. Cette limitation en termes d’espaces d’expression et de visibilité est dramatique car son analyse minutieuse, méthodique et innovatrice des préceptes de l’Islam, au fondement même de son combat contre la peine de mort, permettrait de nourrir le débat sur les droits de l’homme dans le Monde musulman.

Les défenseurs des droits de l’homme en Iran doivent faire face à de plus en plus de pressions. L’ONG de Shirin Ebadi, gagnante du prix Nobel de la paix 2003, a été fermée en décembre 2008 sur ordre des autorités et ses bureaux ont été mis à sac le 1er janvier 2009.

Emad Baghi a été récompensé par de nombreux prix mais comme celui de la Fondation Martin Ennals en 2009 il n’a jamais pu les recevoir en personne à cause de son emprisonnement et de son interdiction de voyager. Parmi ces récompenses, figurent le Prix du courage civil du Fonds Northcote Parkinson (2004), le Prix pour les droits de l’homme de la France (2005), et le Prix de la presse britannique (2008).

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