Emadeddine Baghi a été arrêté le 28 décembre 2009

décembre 28, 2009

Lorsque les 10 ONG internationales du Jury du Prix Martin Ennals ont pris la décision de récompenser Emad Baghi le 19 mai 2009, elles ont noté le désir de cet écrivain théologien de défendre un changement non-violent et de travailler dans un contexte islamique. Malgré cela, Emad Baghi n’a pas été autorisé à voyager à l’étranger pour recevoir ce prix en novembre. Un mois plus tard, Emad a été obligé d’annuler sa participation à une réception organisée par la présidence suédoise de l’Union européenne à Téhéran.

Le 28 décembre 2009, Emad Baghi a été arrêté à son domicile à 6h45 par des militaires en civil qui se sont introduits de force chez lui en refusant de montrer toute pièce d’identité. Les officiers ont roué de coups son beau-frère et ont abusé verbalement les membres de sa famille. Lorsqu’ Emad Baghi a tenté de rassurer sa femme et sa fille leur disant qu’il resterait fort en détention, les hommes ont rétorqué qu’il ne survivrait pas assez longtemps pour pouvoir rester fort. Des déclarations faites par les agents de sécurité non identifiés au moment de l’arrestation laissaient supposer qu’il était détenu pour être apparu dans une vidéo avec le Grand Ayatollah Hosseinali Montazeri, récemment décédé.

Une arrestation réalisée par des représentants de l’état qui ne peuvent être identifiés et qui ne produisent aucun document autorisant l’arrestation constitue une violation flagrante de la loi iranienne mais aussi des traités internationaux des droits humains auxquels l’Iran est un Etat partie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et tout particulièrement son article 9. Aussi, nous considérons que Baghi est détenu arbitrairement pour ses activités de défense des droits humains et qu’il est donc un prisonnier d’opinion détenu pour l’exercice pacifique de ses droits à la liberté d’expression et d’association. A cet égard, les dix organisations internationales susmentionnées du Jury du Prix Martin Ennals ont écrit aux autorités iraniennes pour leur demander de le libérer immédiatement et sans condition. De même, les anciens lauréats et patrons du MEA sont aussi intervenus.

Emad Baghi ne ferait face à aucun chef d’inculpation. Il serait détenu en cellule d’isolement dans la prison d’Evin. Ni son avocat, ni sa famille a pu lui rendre visite. Le 6 janvier, un détenu à peine libéré de la prison d’Evin à Téhéran a dit qu’il avait entendu la voix d’Emad Baghi en prison. Mi-janvier, Emad a été autorisé à émettre un très bref appel de quelque secondes à sa famille pour l’informer qu’il était détenu comme prisonnier numéro 240.

Nous sommes très préoccupés par son état de santé précaire dû à sa précédente détention (en décembre 2007, il a été victime de troubles convulsifs à trois reprises et d’une crise cardiaque sans traitement médical adéquat jusqu’en octobre 2008). Nous craignons également qu’il ne soit victime de mauvais traitements et de négligence médicale alors qu’il se trouve en détention dans les conditions décrites ci-dessus.

Genève, le 19 janvier 2010